La chancelière allemande Angela Merkel a interpellé Vladimir Poutine sur les problèmes rencontrés par plusieurs organisations internationales en Russie, en inaugurant dimanche soir le salon industriel de Hanovre (nord) avec le président russe.

Dans son discours d'inauguration, elle a  demandé à ce que l'on «donne leur chance aux organisations non gouvernementales, aux multiples associations dont nous savons en Allemagne qu'elles sont un moteur d'innovation». L'innovation sera un élément essentiel de la modernisation et la diversification de l'économie russe, a-t-elle dit, et «nous sommes convaincus que cela réussit particulièrement bien quand il y a une société civile active».

Ses propos, très applaudis, étaient une allusion directe aux enquêtes menées en Russie contre plusieurs organisations internationales, dont des fondations politiques allemandes, enquêtes qui ont provoqué le courroux des partenaires de Moscou.

Dans un entretien à la première chaîne de télévision publique allemande ARD diffusé dimanche le président russe avait à nouveau défendu ces inspections, estimant que le peuple russe avait «le droit» de savoir quelles organisations installées dans le pays recevaient un financement étranger «et dans quel but».

Devant le centre des congrès de Hanovre, qui accueillait la cérémonie d'inauguration, une centaine de personnes manifestaient pacifiquement, à l'appel d'Amnesty International et de Human Rights Watch, réclamant notamment qu'«on laisse tranquilles les ONG».

Sur la question des espaces de liberté laissés à la société civile, «il nous faut poursuivre la discussion», a dit Mme Merkel, qui devait à l'issue de la cérémonie dîner avec M. Poutine pour évoquer entre autres spécifiquement le cas des ONG contrôlées. La chancelière, ancienne citoyenne de RDA, maîtrise le russe, tandis que Poutine, qui a travaillé pour le KGB à Dresde (est de l'Allemagne), parle allemand.

C'est la deuxième fois en six mois que Mme Merkel égratigne M. Poutine en public: en novembre 2012, Mme Merkel, lors d'un forum à Moscou rassemblant des représentants de la société civile des deux pays, elle s'était interrogée sur la condamnation de deux des membres du groupe Pussy Riot à deux ans de camp pour une «prière punk» anti-Poutine chantée dans la cathédrale de Moscou.

De son côté, à Hanovre, M. Poutine, prenant la parole avant elle, a fait l'éloge des relations commerciales solides les deux pays. Le commerce bilatéral a atteint un plus haut historique de 74 milliards d'euros l'an dernier, a-t-il rappelé, ajoutant «je suis sûr que nous atteindrons 100 milliards bientôt».

Après son dîner avec Mme Merkel, M. Poutine doit rejoindre l'ancien chancelier allemand, le social-démocrate Gerhard Schröder, qui célèbre ce dimanche ses 69 ans à Hanovre.

La Russie était déjà le partenaire officiel de la Foire de Hanovre, qui se targue d'être le plus grand salon industriel du monde, en 2005, à une époque plus faste des relations germano-russes. De nombreux contrats avaient alors été signés en marge du salon, mais rien de tel n'est prévu cette année.

Outre la question des ONG, d'autres sujets de tension empoisonnent Berlin et Moscou, tel le sauvetage de Chypre, où l'Allemagne a joué un rôle déterminant, alors que nombre de ressortissants russes y laisseront des plumes.

Il n'en reste pas moins que les liens économiques entre les deux pays sont forts et appelés à se renforcer. Le gaz russe est crucial pour l'approvisionnement en énergie de la première économie européenne.