La Bulgarie a désigné mardi le Hezbollah comme étant derrière l'attentat anti-israélien meurtrier du 18 juillet 2012 à Bourgas, à l'est du pays, conduisant les États-Unis et Israël à demander à l'Europe d'agir face à la menace de ce mouvement chiite libanais.

«Il y a des informations concernant des financements et une appartenance au Hezbollah de deux personnes», dont l'auteur de l'attentat, a déclaré à la presse le ministre de l'Intérieur, Tsvetan Tsvetanov.

«Nous pouvons en tirer la conclusion légitime que les deux personnes, dont l'identité a été établie, font partie à l'aile militaire du Hezbollah», a-t-il indiqué.

Washington a rapidement réagi à la nouvelle, qui avait déjà filtré dans plusieurs journaux américains mardi. Le conseiller spécial du président Barack Obama pour la lutte contre le terrorisme, John Brennan, probable futur chef de la CIA, a ainsi demandé aux pays européens de prendre «des mesures préventives» pour mettre au jour les infrastructures du Hezbollah ainsi que ses réseaux opérationnels et financiers.

Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a, pour sa part, appelé l'Union européenne à «tirer les conclusions quant à la vraie nature du Hezbollah».

L'État hébreu a accusé depuis le jour de l'attentat l'Iran d'en être le commanditaire, et ce mouvement chiite libanais d'en avoir été l'exécutant, ce que Téhéran nie.

Sans se prononcer sur le résultat de l'enquête de Sofia, le chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a estimé qu'il fallait encore examiner «sérieusement» les implications des déclarations bulgares. «L'UE et les États membres examineront la réponse appropriée en fonction de tous les éléments identifiés par les enquêteurs», a-t-elle déclaré.

Les autorités bulgares s'étaient montrées très prudentes, refusant jusqu'ici de montrer du doigt l'Iran ou le Hezbollah, avant de disposer de preuves.

Selon des analystes, la désignation du Hezbollah pourrait fournir aux États-Unis un argument de poids pour convaincre l'UE, dont la Bulgarie est membre, d'inclure ce mouvement, grand allié de l'Iran et de la Syrie, sur sa liste noire des organisations terroristes.

Le Premier ministre libanais Najib Mikati a annoncé mardi que son pays allait coopérer avec Sofia «pour élucider» les circonstances de l'attentat, qui avait fait six morts - cinq Israéliens et un conducteur de car bulgare -, en plus du kamikaze.

L'explosion s'était produite au moment où un jeune homme portant deux sacs, sur son dos et sur son ventre, s'était approché d'un des autocars qui devaient transporter des touristes israéliens le 18 juillet dernier de l'aéroport de Bourgas vers leur hôtel.

Selon le ministre bulgare de l'Intérieur, les deux personnes identifiées «possédaient des passeports d'Australie et du Canada» et «vivaient sur le territoire libanais depuis 2006 et 2010».

Les deux suspects, ainsi qu'une troisième personne non identifiée, ont résidé en Bulgarie sous une fausse identité. Ils ont utilisé comme pièces d'identité de faux permis de conduire de l'État américain du Michigan afin de louer des chambres d'hôtel et des voitures sur le littoral de la mer Noire entre le 28 juin et le 18 juillet.

Les deux personnes identifiées sont entrées en Bulgarie et l'ont quittée avec leur vraie identité, mais se sont servies d'une fausse identité pendant leur séjour, a expliqué le ministre.

Le rapport de M. Tsvetanov faisant le point sur l'enquête a été présenté à une réunion du Conseil de sécurité nationale, qui s'est déroulée sous l'égide du président bulgare Rossen Plevneliev et en présence de ministres et des chefs des partis parlementaires.

À la sortie de cette réunion, le président du parti socialiste (opposition) Serguei Stanichev a reproché aux autorités d'annoncer des faits sans encore disposer de preuves irréfutables.

«La décision (de mettre en cause Hezbollah) est prise sous pression et met en danger les citoyens bulgares», a-t-il estimé.

L'enquête sur l'attentat a «sensiblement progressé dans le sens de la découverte des commanditaires et des exécutants, mais il y a encore du travail à faire», a commenté mardi le député Yordan Bakalov, membre de la commission parlementaire de sécurité.

Selon des responsables de l'enquête à Bourgas, une reconstitution de l'attentat aura lieu au printemps prochain en vue d'établir si l'auteur de l'attentat était un kamikaze ou si l'explosif avait été déclenché à distance.

Photo d'archives Stoyan Nenov, Reuters

Un Canadien avait participé à l'attentat anti-israélien perpétré à Bourgas, en Bulgarie, qui avait fait six morts et une trentaine de blessés en juillet dernier.