L'ex-premier ministre de gauche Milos Zeman et l'actuel chef de la diplomatie Karel Schwarzenberg (droite pro-européenne) sont arrivés en tête du premier tour de l'élection présidentielle tchèque samedi, un 2e tour devra les départager dans quinze jours.

Après le dépouillement de 78 % des bulletins, M. Zeman, 68 ans, chef du gouvernement en 1998-2002, arrivait en tête avec 24,93 % des voix, devant M. Schwarzenberg (21,39 %), selon les résultats partiels communiqués par l'office national des statistiques (CSU).

Les bureaux de vote ont fermé samedi à 9 h, heure de l'Est. Le second tour de cette première présidentielle tchèque au suffrage universel direct est prévu les 25 et 26 janvier.

Le centriste Jan Fischer, chef du gouvernement provisoire en 2009-10, qui faisait initialement partie des favoris pour le second tour arrivait en troisième position (16,98 %), devant le vice-président du parti social-démocrate (CSSD), Jiri Dienstbier (16,61 %) et Vladimir Franz, compositeur et peintre non-conformiste au visage et au corps intégralement tatoués (6,97 %.)

Au total, neuf candidats, dont trois femmes, briguaient la présidence tchèque. Les résultats complets de ce 1er tour devraient être communiqués par la CSU vers midi, heure de l'Est.

Les Tchèques tournent lors de cette présidentielle la page de la décennie du très eurosceptique chef de l'État Vaclav Klaus, dont le second mandat quinquennal expire le 7 mars.

Le nouveau président tchèque sera le troisième depuis l'indépendance de la République en 1993, après l'ancien dissident anticommuniste et artisan de la «Révolution de velours» de 1989 Vaclav Havel, décédé en 2011, et Vaclav Klaus .

Tous deux avaient été élus par le Parlement, dans une procédure critiquée pour sa complexité. Les parlementaires ont finalement décidé en février 2012 que le chef de l'État serait désormais élu au suffrage universel direct, excluant tout soupçon de corruption.

S'il ne dispose pas de prérogatives aussi étendues qu'aux États-Unis ou en France, le président nomme ou destitue le premier ministre et les autres membres du gouvernement, entérine les lois adoptées par le Parlement ou y oppose un veto que le Parlement peut contourner en revotant le texte.

«L'élection au suffrage universel direct offre au président un mandat plus fort, ou, comme on dit parfois, une plus grande légitimité», a rappelé le politologue Jiri Pehe.

Cette élection se tient sur fond de morosité générale provoquée par la récession économique et un taux de chômage bondi en décembre à 9,4 %.

«Milos Zeman part clairement favori de la présidentielle. Au second tour, il peut battre Schwarzenberg aussi bien que Fischer», notait samedi le journal Lidove Noviny.

Les médias tchèques étaient unanimes à constater que le futur président serait plus pro-européen, après la décennie du très eurosceptique Vaclav Klaus. Ils estimaient par ailleurs que le taux de participation pourrait être équivalent à celui des dernières législatives de 2010 (62,6 %), voire supérieur.

Ouvert vendredi en début d'après-midi, le scrutin de deux jours s'est déroulé sans incident, sauf un petit accident de la route dû au dérapage d'une voiture qui a heurté vendredi à Sykorice, près de Prague, une limousine transportant M. Schwarzenberg.

«Personne n'a été blessé», a indiqué la porte-parole de la police locale, Jana Zackova.