Discrets depuis près de deux ans, les étudiants britanniques redescendent dans la rue demain pour protester contre une hausse historique des droits de scolarité, en vigueur depuis cet automne. Leurs leaders espèrent que la «victoire» des étudiants québécois contribuera à faire revivre le mouvement.

«La plus grande leçon que nous a donnée le Québec, c'est qu'il est possible d'obtenir quelque chose», croit Michael Chessum, cofondateur de la National Campaign Against Fees and Cuts (NCAFC), une coalition qui réclame la gratuité scolaire.

La marche, organisée par la National Union of Students (NUS) et appuyée par la NCAFC, sera la première démonstration nationale depuis l'automne 2010. La décision du gouvernement de tripler les droits de scolarité annuels pour les faire passer à 9000 livres (soit 14 000$) avait alors provoqué une série de manifestations d'une rare ampleur au Royaume-Uni.

«Le but de cette marche est de créer une nouvelle génération de militants en vue des élections de 2015 et de signifier aux politiciens que nous n'oublierons pas ce qu'ils ont fait», explique Liam Burns, président de la NUS.

Un mouvement divisé

Mais le mouvement semble divisé quant aux stratégies à adopter. La NCAFC, branche plus radicale au sein de la NUS, a déjà annoncé un itinéraire différent du trajet officiel pour la manifestation d'aujourd'hui.

«Plusieurs milliers d'étudiants partout au pays sont insatisfaits du trajet proposé par la NUS, car il ne s'approche pas des grands symboles du pouvoir», a déclaré hier la coalition dans un communiqué. Elle invite donc les militants à «marcher vers le parlement» plutôt qu'à se rassembler au parc Kennington, à quelque 2,5 km au sud-est, comme le prévoit la NUS.

«Comme au Québec, le combat est mené sur deux fronts: un lobby politique et un mouvement d'affrontement dans la rue, explique Michael Chessum. Ce qu'il faut retenir, c'est que c'est la rue qui a gagné là-bas.»

Quant à savoir si la manifestation sera le théâtre de violences comme il y a deux ans, Michael Chessum se montre prudent. «Il y a une différence importante entre violence et vandalisme, rappelle-t-il. Mais nous considérons que la désobéissance civile et l'action directe sont des tactiques légitimes, même si notre coalition ne les organise pas.»