Le premier ministre russe Dmitri Medvedev a estimé vendredi que les deux jeunes femmes du groupe Pussy Riot, condamnées à deux ans de camp pour une prière anti-Poutine dans une cathédrale, ne devraient pas être en prison, selon les agences russes.

«Si j'avais été juge, je ne les aurais pas mises en prison. Tout simplement parce que je trouve que ce n'est pas juste qu'elles soient privées de liberté. Elles ont déjà passé assez de temps en prison comme ça, ça suffit», a-t-il déclaré.

Il répondait à une question sur une éventuelle libération anticipée de Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, incarcérées dans des camps éloignés de Moscou.

Le chef du gouvernement russe a toutefois indiqué que cette question n'était pas de son ressort, mais des instances judiciaires et de leurs avocats.

«Ils ont le droit de faire une requête, et je pense qu'ils vont le faire. Et le tribunal a le droit d'examiner cette question sur le fond et de prendre une décision», a-t-il dit.

Il a répété que les membres du groupe lui étaient «très désagréables». En septembre, il avait déclaré que les Pussy Riot lui donnaient «la nausée», mais avait alors aussi estimé «inutile» et «sévère» de les maintenir en prison.

Le père d'Ekaterina Samoutsevitch, une troisième membre du groupe aussi condamnée en août à deux ans de camp, mais libérée en octobre, a estimé que ces propos n'auraient pas d'effet sur le sort des jeunes femmes.

«Si c'était le président Vladimir Poutine ou le patriarche Kirill, cela aurait une certaine influence, mais là c'est l'avis d'une personne privée, qui ne changera rien au destin de Nadia et Macha» (diminutifs de Nadejda et Maria), a déclaré Stanislav Samoutsevitch sur la radio Écho de Moscou.

M. Poutine a estimé en octobre que la condamnation des jeunes femmes à deux ans de camp était «correcte». «Elles le voulaient et elles l'ont eu», avait-il alors déclaré.

Un des avocats des jeunes femmes, Nikolaï Polozov, a pour sa part jugé qu'«au lieu de faire des déclarations retentissantes», M. Medvedev ferait mieux de s'assurer que Tolokonnikova et Alekhina bénéficient «de conditions normales de détention».

Il a par ailleurs indiqué que la défense ne ferait pas de demande de libération anticipée avant «mars 2013».

Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina, toutes deux mères de famille, et une troisième membre du groupe, Ekaterina Samoutsevitch, avaient été condamnées en août à deux ans de camp pour «hooliganisme» et «incitation à la haine religieuse» après avoir chanté en février une «prière punk» contre le président russe Vladimir Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.

La condamnation de Tolokonnikova et d'Alekhina a été confirmée en appel le 10 octobre, tandis que Samoutsevich a vu sa peine commuée en sursis et a été libérée à l'issue du procès.

Depuis fin octobre, Tolokonnikova se trouve dans un camp de travail en Mordovie (500 km à l'est de Moscou) et Alekhina dans un autre camp à Perm (1400 km à l'est de Moscou).

L'affaire a eu un grand retentissement et nombreux sont ceux qui critiquent une condamnation disproportionnée par rapport aux faits reprochés.