Sept islamistes radicaux français de 19 à 25 ans, arrêtés la fin de semaine dernière en France, sont accusés d'avoir formé « une cellule terroriste opérationnelle », a annoncé jeudi la justice française, en précisant que certains d'entre eux voulaient aller combattre en Syrie.

« Une attaque terroriste dans notre pays a pu être évitée », a assuré le procureur de Paris, François Molins, précisant qu'il n'y avait pas eu « d'exemple d'affaire de ce type » en France depuis un attentat dans le métro parisien en 1995 revendiqué par le groupe algérien GIA (Groupe islamique armé).

Les personnes arrêtées « sont bien plus dangereuses que ce que nous pensions initialement », a-t-il insisté lors d'une conférence de presse.

Certains islamistes arrêtés samedi projetaient de se rendre en Syrie pour rejoindre des groupes djihadistes, a précisé François Molins. Deux individus ont joué un « rôle-clé » dans ce projet: l'un qui avait un contact à l'étranger et « servait de relais » pour les candidats au djihad et l'autre qui s'est récemment rendu en Égypte et en Tunisie.

Le Parquet de Paris a requis l'incarcération des sept suspects, « âgés de 19 à 25 ans, tous nés en France et de nationalité française ». Tous sont des « convertis plus ou moins récents, sauf un », selon le procureur.

Une information judiciaire a été ouverte pour « tentative d'assassinat en lien avec l'appartenance avec une religion, en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs préparant des destructions par substances explosives susceptibles d'entraîner la mort », a précisé François Molins.

Cinq autres suspects interpellés le week-end dernier dans le cadre du démantèlement de la cellule ont été remis en liberté.

Engins explosifs

Le démantèlement de la cellule fait suite à une attaque à la grenade contre une épicerie casher le 19 septembre à Sarcelles, dans la banlieue nord de Paris. Selon le procureur, cinq personnes au total sont soupçonnées d'avoir pris part à cet attentat antisémite qui a fait un blessé léger.

La grenade « défensive », de fabrication yougoslave, aurait pu faire toutefois beaucoup plus de victimes sur un rayon de dix mètres, a estimé François Molins. « L'intention était bien de tuer », a-t-il dit.

L'enquête menée sur la cellule islamiste a permis de découvrir cette semaine dans un box un fusil à pompe, une arme de poing, « des sacs contenant du nitrate de potassium, du soufre, du salpêtre, des récipients type cocotte-minute et des ampoules de phare ». Ces produits peuvent permettre de fabriquer « des engins explosifs improvisés », selon la justice.

C'est autour du suspect utilisant ce box, Jérémy Bailly, 25 ans, arrêté samedi à Torcy dans la banlieue est de Paris, en possession d'une arme chargée alors qu'il revenait d'une salle de prière, que se concentre le travail des enquêteurs qui le soupçonnent d'être un leader du groupe. La police avait déjà découvert chez lui samedi une liste manuscrite d'institutions israélites, selon M. Molins.

Le procureur a évoqué une « absence totale de coopération » des suspects arrêtés, précisant que Jérémy Bailly avait seulement reconnu vouloir fabriquer une bombe, mais sans « désigner de complice ou de cible ».

En surveillant Jérémy Bailly, parce qu'ils le soupçonnaient de s'être rendu « dans des camps d'entraînement à l'étranger », selon une source proche de l'enquête, les policiers de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) sont tombés sur Jérémie Louis-Sidney. Ce petit délinquant apparu au printemps sur les radars des Renseignements a été tué par la police lors de son interpellation samedi à Strasbourg (est).