Environ 6500 policiers et membres des forces antiémeutes grecques seront sur le pied de guerre mardi à Athènes pour la visite de la chancelière allemande Angela Merkel, alors que le centre d'Athènes sera bouclé à la circulation et aux piétons, a-t-on indiqué de source policière.

Pendant presque toute la journée de mardi, le quartier autour de la place centrale Syntagma sera bouclé à la circulation, des barrières en interdiront l'accès aux piétons et un hélicoptère survolera le centre ville.

La police a précisé dans un communiqué que «tout rassemblement public serait interdit mardi entre 09H00 et 22H00 dans des quartiers du centre-ville» dans une zone incluant l'ambassade d'Allemagne, le Parlement et les palais gouvernementaux «et sur les artères qui relient le centre à l'aéroport d'Athènes».

Les écoles situées dans ces quartiers seront également fermées.

Les manifestations doivent se dérouler en contrebas de la place Syntagma à l'appel de la gauche radicale Syriza et des syndicats, a indiqué la police qui prévoit de mettre en place cinq canons à eau pour les cas d'urgence.

Selon la police, le dispositif de sécurité sera identique à celui déployé en 1999 à l'occasion d'une visite du président américain de l'époque, Bill Clinton, dans un contexte de poussée d'anti-américanisme dans l'opinion, après des bombardements de l'OTAN en Serbie.

Des patrouilles policières sillonneront le centre-ville, tandis que l'aéroport d'Athènes, l'ambassade allemande et les sociétés allemandes seront placées sous haute surveillance.

La police portuaire mobilisera également quelque 300 personnes pour assurer la sécurité du front de mer d'Athènes.

La visite de Mme Merkel intervient dans un climat de tensions alimentées par de nouvelles mesures d'économies que le gouvernement s'apprête à adopter sous la contrainte de ses créanciers pour s'assurer de la poursuite du versement des prêts UE et FMI.

Après une grève générale le 26 septembre, la troisième de l'année, et des manifestations quasi quotidiennes, les syndicats du privé GSEE et du public Adedy ont de nouveau appelé à un rassemblement à Syntagma lundi soir pour s'opposer au nouveau train de rigueur portant sur plus de 13 milliards d'euros d'économies budgétaires en 2013 et 2014.

Lundi matin, des centaines de retraités communistes ont défilé dans le centre-ville contre ce nouveau tour de vis.

Pour cette première visite de la chancelière allemande à Athènes depuis le début de la crise de la dette en 2010, Bernd Rixinger, président du parti de gauche radicale allemand, Die Linke, doit aussi participer au rassemblement de mardi, a annoncé le Syriza, parti de gauche radicale grecque.

Ce parti a appelé lundi «tout le monde dans les rues pour "accueillir" Merkel» mardi, jugeant dans un communiqué que la chancelière veut «offrir "le soutien européen" au gouvernement de coalition qui s'écroule».

La gauche grecque et les partis de droite nationaliste tiennent la politique de rigueur prônée par Mme Merkel pour responsable de la grave récession dans laquelle le pays s'enfonce pour la cinquième année consécutive.

Mais la chancelière allemande va tenter de transmettre un message de solidarité au peuple grec et au dirigeant conservateur du gouvernement de coalition, Antonis Samaras, qu'elle doit rencontrer en début d'après-midi.

Le quotidien Ta Néa (centre-gauche) s'interrogeait lundi sur la forme que prendra ce soutien, alors que le pays attend un feu vert européen au versement d'une tranche de 31,5 milliards d'euros des prêts UE-FMI sans laquelle ses caisses seront à vide fin novembre.

La visite de Mme Merkel lance «un message de stabilisation de la Grèce dans la zone euro» alors que lors de la réunion lundi soir des ministres des Finances de la zone euro à Luxembourg «le dossier grec entre dans sa dernière ligne droite avant être abordé au sommet européen» à la mi-octobre, écrivait pour sa part le journal financier Naftemporiki.