Le président russe Vladimir Poutine a fêté ses 60 ans dimanche dans l'intimité, auprès de ses proches, mais les marques publiques de sympathie de ses partisans et de la télévision publique se sont multipliées de même que les remarques ironiques de ses opposants.

Le dirigeant russe s'est rendu à Saint-Pétersbourg, sa ville natale située dans le nord-ouest de la Russie, afin d'y passer la journée «avec ses amis et sa famille», a indiqué son porte-parole Dmitri Peskov.

Mais ses partisans à travers le pays ont tenu à lui adresser publiquement leurs meilleurs voeux.

«Votre nom est symbole d'un homme politique de grande sagesse et d'un dirigeant fort en Russie et dans le monde», a ainsi écrit au président le gouverneur de Saint-Pétersbourg, Gueorgui Poltavtchenko.

Autre manifestation en l'honneur du président sexagénaire, une exposition intitulée «Un homme des plus bienveillants» s'est ouverte dimanche dans une galerie d'art à Moscou.

Vladimir Poutine, qui a fait son retour au Kremlin en mai pour un mandat de six ans, après huit ans en tant que président puis quatre en tant que premier ministre, n'a jamais exclu d'enchaîner encore un autre mandat, comme l'y autorise la Constitution, et donc de rester au Kremlin jusqu'en 2024.

Et il n'a jamais hésité à mettre en avant sa forme physique devant les caméras.

Ses pratiques sportives ont particulièrement été mises en exergue lors d'une émission spéciale de la chaîne de télévision NTV, qui l'a suivi pendant toute une semaine.

L'émission a montré le chef de l'État dans des «moments informels», notamment dans sa résidence dans la banlieue de Moscou. M. Poutine y est ainsi filmé en train de s'entraîner dans sa salle de sport, puis en train de nager dans sa piscine, au bord de laquelle se trouve son labrador noir Connie.

Le président évoque également dans l'émission des sujets politiques, notamment la décision d'un tribunal russe de condamner à deux ans de camp trois jeunes femmes du groupe punk Pussy Riot, après une «prière» anti-Poutine dans une cathédrale de Moscou, et estime qu'il s'agit d'une décision «correcte».

La condamnation des jeunes femmes a pourtant été vivement critiquée à l'étranger.

Outre le cas des Pussy Riot, l'adoption de lois dénoncées par l'opposition comme étant destinées à étouffer la contestation ont également fait l'objet de vives critiques ces derniers mois.

Depuis son retour au Kremlin, Vladimir Poutine est en effet confronté à un mouvement de contestation sans précédent, déclenché en décembre 2011 après des législatives jugées frauduleuses par l'opposition.

Interrogé sur ce mouvement, le président s'est néanmoins voulu rassurant.

«Oui, il y a des gens qui sont en désaccord avec certaines choses. (...) Mais il ne faut pas faire comme s'il s'agissait de tous nos citoyens. Au contraire, la majorité écrasante (me) soutient, ce qui me permet d'exercer les fonctions d'État que j'exerce jusqu'à présent», a-t-il estimé.

L'opposition, qui ne cesse de dénoncer un durcissement du régime, a d'ailleurs, elle, profité de l'anniversaire du président pour lui signifier qu'il est temps, selon elle, qu'il quitte le pouvoir.

Ainsi, une manifestation sur le thème «Mettons pépé à la retraite» a été organisée dimanche à Moscou. Selon la radio Écho de Moscou, au moins cinq personnes ont été interpellées à cette occasion.

Des participants avaient apporté des cadeaux pour le président tels qu'une tenue de prisonnier ou des cagoules colorées, symbole des Pussy Riot.

Des blogueurs russes ont également raillé l'image de dirigeant jeune et énergique que les partisans de M. Poutine mettent en avant. «Lénine, à 52 ans, était surnommé "Bon papa Lénine"», a écrit sur Twitter le blogueur @zehnerson, alors que le fondateur de l'URSS est mort à 53 ans.