Le gouvernement français, qui avait promis d'intervenir énergiquement pour protéger les emplois, fait face à une vague de licenciements dans le secteur industriel qui fait flamber le taux de chômage.

Le plus récent coup dur pour les autorités est survenu lundi avec l'annonce par le géant indien ArcelorMittal de la fermeture de deux hauts fourneaux utilisés en Moselle, dans le nord-est du pays.

La décision de l'entreprise, qui avait interrompu l'opération des fourneaux il y a plus d'un an, devrait entraîner à brève échéance la disparition des emplois de 700 des 2500 personnes travaillant dans ce complexe sidérurgique.

Elle prend une portée particulièrement symbolique puisque les ouvriers de l'usine et les syndicats avaient mené en prévision du scrutin présidentiel une campagne très médiatisée pour empêcher leur employeur de fermer les fourneaux.

La fermeture annoncée constitue une rebuffade pour le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui s'est dit engagé dans un «bras de fer difficile» avec l'entrepreneur indien Lakshmi Mittal.

Il a souligné que le gouvernement avait obtenu de M. Mittal la promesse que les installations en voie d'être fermées seraient revendues si un repreneur est trouvé d'ici deux mois. Le syndicat Force ouvrière demande plutôt au gouvernement de «nationaliser» les installations pour sauver les emplois.

Tout en excluant cette avenue, M. Montebourg a souligné que le gouvernement irait prochainement de l'avant avec un projet de loi destiné à forcer les sociétés qui souhaitent fermer des installations «jugées rentables» à les revendre plutôt que de les fermer.

« Pompier débordé »

Le ministre a aussi tenté en vain au cours des derniers mois de s'opposer à un important plan de restructuration de PSA Peugeot Citroën, qui a annoncé en juillet l'abolition de 8000 postes en France, soit 10% de son effectif national.

Après avoir appelé à un «dialogue social exemplaire» avec l'entreprise, le gouvernement a baissé le ton, prenant acte d'un rapport d'experts défendant la réorganisation projetée.

D'autres compressions sont aussi survenues dans le secteur de l'agroalimentaire, de l'énergie et des médicaments, ce qui a forcé M. Montebourg, au dire du Monde, à «arpenter le terrain des plans sociaux et des fermetures d'usines en pompier débordé».

L'ex-premier ministre François Fillon, qui espère prendre la tête du principal parti de la droite traditionnelle, affirme que le ministre du Redressement productif se «prend claque sur claque» après avoir «ouvert la boîte aux gifles».

«Arnaud Montebourg s'est exprimé avec tellement d'arrogance, donnant des leçons à la terre entière dans l'opposition, puis ensuite quand il est arrivé au pouvoir en disant qu'il allait pouvoir sauver des entreprises et aujourd'hui, l'élastique lui revient dans la figure», a-t-il déclaré.

Le nombre de demandeurs d'emploi, en augmentation constante depuis une année et demie, vient encore de monter d'un cran, pour s'établir à 10%. Au grand dam du ministre du Travail, Michel Sapin, qui promet de revoir les règles régissant les licenciements pour réduire la précarité.

La hausse du chômage survient au moment où le gouvernement amorce, à l'Assemblée nationale, le processus de ratification du traité budgétaire européen. Le texte impose de sévères cibles budgétaires qui risquent, selon ses détracteurs, de limiter de façon draconienne la capacité d'intervention de l'État.

Dimanche, des dizaines de milliers de personnes ont défilé à Paris à l'appel de l'extrême gauche qui demande un référendum à ce sujet. Plusieurs élus écologistes et socialistes ont annoncé leur intention de s'opposer au traité, qui devrait néanmoins être ratifié facilement avec l'appui de partis de centre et de droite.