L'hommage aux onze athlètes israéliens tués en 1972 lors d'une prise d'otage par un commando palestinien aux Jeux olympiques de Munich a dévoilé mercredi des blessures encore à vif dans la communauté juive.                

« Ce jour n'était pas une attaque contre Israël, pas une attaque contre les Juifs. C'était une attaque contre nous tous. Contre l'idée olympique, la vision de la liberté et de la paix pour tous les êtres humains », a déclaré, très émue, Charlotte Knobloch, ancienne responsable de la communauté juive allemande, dans un discours.

Quelque 600 invités avaient franchi les contrôles de sécurité importants pour assister à la cérémonie organisée sur la piste de la base militaire de Fürstenfeldbruck (sud de l'Allemagne) où s'était déroulé l'épilogue du drame. Les prises de parole se sont succédé mercredi après-midi dans une atmosphère de recueillement intense et un silence absolu dans l'auditoire.

Après un service religieux oecuménique juif, catholique, protestant, des voix moins consensuelles se sont fait entendre, traduisant la peine et le sentiment d'injustice qui habitent toujours les proches des victimes.

« Munich et l'Allemagne restent à jamais associés au jour le plus triste de notre vie », a déclaré Ankie Spitzer, veuve de l'entraîneur de l'équipe d'escrime Andre Spitzer.

Le 5 septembre 1972 à l'aube, huit membres de l'organisation palestinienne Septembre noir avaient pénétré dans un appartement de la délégation israélienne au village olympique, tuant deux athlètes israéliens et en prenant neuf autres en otage, espérant les échanger contre 232 prisonniers palestiniens.

L'intervention des services de sécurité allemands sur la base militaire de Fürstenfeldbruck, à une trentaine de kilomètres de Munich, s'était achevée par la mort des neuf otages, ainsi qu'un policier ouest-allemand. Cinq des huit preneurs d'otages furent abattus et les trois autres capturés.

« Aujourd'hui (...) nous reviennent les souvenirs de la tentative de sauvetage désastreuse » des forces de sécurité allemandes, a dit Mme Spitzer depuis la tribune où était tendue une toile portant la photo des onze athlètes et du policier décédés.

Elle a critiqué « l'incompétence, la stupidité et l'arrogance » des autorités allemandes de l'époque, mais aussi le fait que les familles aient été empêchées d'accéder aux documents d'investigation sur la tragédie. Elle a réclamé « une nouvelle enquête » sur les responsabilités dans l'intervention ratée.

Mme Spitzer a été la première interlocutrice applaudie par un public jusque-là complètement silencieux.

À sa suite, Dieter Graumann, président du Conseil central des juifs d'Allemagne a dénoncé le « dilettantisme désastreux et inimaginable » des forces de sécurité allemandes ». Il a également critiqué la « négligence » et la « légèreté » des dirigeants sportifs. « Aucun être humain ne peut comprendre » que les Jeux n'aient pas été interrompus immédiatement », a-t-il dit.

« Avons-nous été trop naïfs? Avons-nous sous-estimé la menace terroriste? Ces questions restent », avait reconnu juste avant le ministre allemand de l'Intérieur, Hans-Pieter Friedrich, sans aller plus loin dans la critique.

Le vice-premier ministre israélien Silvan Shalom, également présent, a qualifié le 5 septembre 1972 d'un « des jours les plus tragiques du jeune État d'Israël ». Il a insisté sur la menace terroriste encore actuelle, évoquant l'attentat contre des touristes israéliens en Bulgarie mi-juillet ou la menace iranienne.