La rentrée s'annonce résolument difficile pour le gouvernement français, qui manoeuvre en terrain miné sur la question énergétique.

Tout en promettant d'agir pour contrôler le coût de l'essence, socialistes et écologistes peinent à s'entendre sur les suites à donner aux promesses du président François Hollande dans le domaine nucléaire.

Avant l'élection de mai dernier, le Parti socialiste a conclu un pacte avec Europe Écologie - Les Verts (EELV) qui prévoit de réduire d'ici à 2025 la part de l'énergie nucléaire dans le « mix énergétique » du pays de 75 % à 50 %. L'accord prévoyait la fermeture progressive d'une vingtaine de réacteurs nucléaires, mais le candidat socialiste est revenu en campagne sur le sujet, en disant qu'il ne se sentait pas lié par ce point précis.

Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, est venu ajouter au trouble des écologistes dimanche en déclarant que le secteur nucléaire est une «filière d'avenir» permettant au pays d'avoir accès à une «énergie abordable». Il a reçu dans la foulée l'appui du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls.

Tensions

Le vice-président écologiste de l'Assemblée nationale, Denis Baupin, a décrié la sortie comme «une profession de foi en décalage total avec la réalité». II a invité M. Montebourg à «rendre visite aux habitants et élus de Fukushima», au Japon, pour s'en convaincre.

Le député écologiste Noël Mamère a poussé l'esclandre un cran plus loin en déclarant que les propos du ministre constituaient une « entorse très sérieuse » à l'accord passé entre les socialistes et EELV. Un porte-parole socialiste s'est ensuite efforcé de calmer le jeu en relevant que les propos du ministre reflétaient un « sentiment personnel » et ne changeaient rien à la volonté du président de « réduire la part du nucléaire ».

Ces tiraillements surviennent au moment où le gouvernement doit composer avec d'importantes tensions relativement à l'adoption du traité budgétaire européen.

Plusieurs élus écologistes et socialistes menacent de voter contre le traité, qui risque d'obliger l'État à adopter d'importantes mesures d'austérité.

Le premier ministre Jean-Marc Ayrault a fait monter la pression sur les élus de gauche au cours des derniers jours en insistant sur leur devoir de solidarité. «Pour continuer à peser en Europe, le président et le gouvernement ont besoin de l'appui clair et solidaire de la majorité», a-t-il souligné.

Selon un sondage CSA, 72% des Français sont favorables à la tenue d'un référendum sur le traité. Le gouvernement entend plutôt procéder par voie parlementaire avec un vote à majorité simple qui pourrait se tenir avant la fin du mois.