Le premier ministre britannique David Cameron a confié le dossier du rachat du bouquet satellitaire BSkyB à un ministre dont il savait qu'il était favorable à l'offre présentée à ce sujet par Rupert Murdoch, selon des témoignages recueillis jeudi par une commission d'enquête.

Ces révélations sont embarrassantes pour le chef du gouvernement dont les liens avec le magnat des médias ont déjà été mis en cause à plusieurs reprises ces derniers mois.

News Corporation, le groupe qui chapeaute l'empire Murdoch, possède 39,1% de BSkyB. Mais il avait tenté de le racheter intégralement avant de jeter l'éponge l'été dernier en raison du scandale du journal News of the World, un ex-tabloïde de Murdoch accusé d'avoir espionné par des écoutes téléphoniques quelque 800 personnes pour obtenir des scoops.

Le ministre du Commerce Vince Cable avait été dessaisi fin 2010 du dossier BSkyB, pour avoir affirmé qu'il avait «déclaré la guerre» au magnat des médias. Le dossier, très sensible car les velléités de Murdoch avaient suscité une levée de boucliers de ses concurrents, avait alors été confié au ministre de la Culture Jeremy Hunt, chargé de se prononcer à ce sujet.

Or un mois avant, M. Hunt avait écrit une note à David Cameron dans laquelle il le mettait en garde contre les conséquences pour le secteur des médias d'un rejet de l'offre de Murdoch sur BSkyB.

Ce mémo a été évoqué jeudi lors de l'audition d'un ancien conseiller de Jeremy Hunt, Adam Smith, par la commission d'enquête Leveson.

Dans sa lettre, M. Hunt expliquait que le fils de Rupert Murdoch, James, était «vraiment furieux» que l'autorité de régulation des médias ait été saisie sur le dossier BSkyB.

«Nous devons faire attention au fait que toute tentative pour bloquer le dossier résulte d'une réelle volonté de préserver la pluralité et non du lobbying de la concurrence», avait-il écrit. «Si nous le bloquons, notre secteur des médias souffrira pendant des années».

La commission Leveson, mise en place à la suite du scandale des écoutes du News of the World, se penche sur les pratiques de la presse britannique et ses liens avec le pouvoir et la police.