L'ex-première ministre ukrainienne Ioulia Timochenko a cessé mercredi la grève de la faim qu'elle observait depuis le 20 avril, a déclaré le médecin allemand Lutz Harms qui soigne l'opposante à l'hôpital de Kharkiv, dans l'est de l'Ukraine.

L'opposante a quitté dans la matinée sous escorte policière la prison de Kharkiv et a été transportée en ambulance dans un hôpital public de cette ville de l'est de l'Ukraine.

«Ioulia Timochenko a été transportée de la colonie pénitentiaire Katchanivska vers l'hôpital», a confirmé l'administration pénitentiaire dans un communiqué.

Quelque heures plus tard, le médecin de l'hôpital berlinois de la Charité, Lutz Harms, arrivé en Ukraine pour soigner l'opposante, a annoncé qu'elle avait finalement mis fin à sa grève de la faim à son 20e jour.

«Elle a cessé sa grève de la faim. Nous reprenons un régime de nutrition normal», a-t-il déclaré à la presse.

Selon les autorités ukrainiennes, il a assisté au transfert de Mme Timochenko à la clinique, a le statut officiel de médecin traitant et sera aidé par ses confrères ukrainiens.

Pour le moment, Mme Timochenko ne boit que de l'eau et des jus. «Nous allons introduire des aliments plus tard. Elle est très affaiblie. Il va falloir attendre plusieurs jours pour que son état se stabilise», a expliqué le médecin.

Le traitement de l'opposante commencera graduellement: «L'utilisation de médicaments est pour le moment extrêmement limitée» après cette grève de la faim, a expliqué le docteur Harms.

La thérapie «prendra selon toute vraisemblance au moins huit semaines», voire «plusieurs mois», a-t-il ajouté.

Interrogé sur la possibilité pour l'opposante d'assister à son nouveau procès pour détournement de fonds et fraude fiscale qui doit reprendre le 21 mai, le spécialiste a répondu que cela était «très improbable».

Egérie de la révolution Orange en Ukraine en 2004, Ioulia Timochenko est incarcérée depuis août 2011 et a été condamnée en octobre à sept ans de prison pour abus de pouvoir. L'opposante a toujours dénoncé ces poursuites comme une vengeance personnelle du président Viktor Ianoukovitch, son rival élu en 2010.

Cette affaire a provoqué une grave crise dans les relations entre Kiev et l'Union européenne qui y voit une motivation politique.

Les accusations de Mme Timochenko, qui affirme avoir été maltraitée par le personnel carcéral le 20 avril et a engagé une grève de la faim pour protester contre ces violences présumées, ont aggravé la situation.

Alors que les critiques sur le sort de Mme Timochenko se sont multipliées, une dizaine de présidents européens ont boycotté un sommet prévu en Ukraine cette semaine, que Kiev a fini par annuler.

La Commission européenne a par ailleurs fait savoir qu'aucun commissaire ne se rendrait en Ukraine pour l'Euro-2012 de football, co-organisé du 8 juin au 1er juillet par cette ancienne république soviétique et la Pologne voisine. Plusieurs pays européens ont menacé d'en faire de même.

La fille de l'opposante, Evguenia, a déclaré la veille que sa mère avait accepté d'être admise à l'hôpital de Kharkiv à condition d'y être soignée «en permanence» par un médecin de la Charité.

Mme Timochenko se méfie des médecins ukrainiens, craignant notamment d'être infectée par un virus, à l'instar de son ex-ministre de l'Intérieur, incarcéré lui aussi depuis décembre 2010 et qui aurait contracté une hépatite en prison, selon ses avocats.