Le président français Nicolas Sarkozy s'est positionné résolument à droite jeudi, accélérant la campagne pour sa réélection avec l'annonce d'une série d'engagements, comme une réforme restreignant les droits des chômeurs et le refus du mariage gai.

À un peu plus de deux mois du premier tour de la présidentielle, le chef de l'État sortant a accordé une interview-programme sur les questions sociales et sociétales à l'hebdomadaire de droite Figaro Magazine à paraître samedi.

Toujours largement distancé dans les sondages par le candidat socialiste François Hollande et donné perdant au second tour, Nicolas Sarkozy n'a pas fait acte formel de candidature, mais n'a laissé plané aucun doute sur ses intentions.

Il a dit remercier «ceux de mes amis qui estiment que je devrais entrer en campagne plus tôt». «Peut-être ont-ils raison ? Peut-être même que cela aurait été mon intérêt ? Mais avant mon intérêt, il y avait les devoirs de ma charge», a-t-il indiqué.

Le président répète à cette occasion que le rendez-vous pour la candidature officielle «approche». Elle pourrait être annoncée dès la fin de la semaine prochaine, alors que son entourage avait jusqu'à présent situé ce moment-clé de la campagne fin février pour un scrutin prévu les 22 avril et 6 mai.

Avec cette longue interview, Nicolas Sarkozy cherche à conforter l'électorat de droite, et il a rapidement été accusé par la candidate écologiste Éva Joly de «braconner sur les terres de la droite extrême». En 2007, il avait gagné en partie parce qu'il avait su séduire les sympathisants du Front national, le parti d'extrême droite.

Outre son hostilité au mariage entre personnes du même sexe et à l'adoption d'enfants par des couples d'homosexuels -de nature à plaire à la droite conservatrice et à l'extrême droite-, il s'oppose à «l'euthanasie légalisée» qui «risquerait de nous entraîner vers des débordements dangereux».

Le chef de l'État réaffirme son refus d'accorder le droit de vote aux élections locales aux étrangers hors Union européenne, jugeant que «ce n'est vraiment pas le moment, avec tous les risques de montée du communautarisme».

«Faut-il des cantines scolaires hallal ? Des piscines réservées aux femmes ?», a-t-il demandé. «Est-ce cela que nous voulons ? Ma réponse est non», a-t-il insisté.

Selon des sondages, la majorité des Français soutient l'idée de donner le droit de vote aux étrangers pour les scrutins locaux, une mesure prônée par François Hollande.

Sur cette question de l'immigration, Nicolas Sarkozy compte proposer une révision de la Constitution pour confier les litiges concernant le séjour des immigrés à la seule justice administrative.

L'autre grande réforme envisagée par le président sortant, celle sur l'encadrement des droits des chômeurs, pourrait passer par un referendum, a-t-il dit.

Avec un taux de chômage à son niveau le plus élevé depuis 12 ans (environ 10%), M. Sarkozy, qui promettait au début de son quinquennat, avant que la crise économique ne passe par là, un taux ramené à 5%, promet ainsi une «révolution».

Il veut créer un «nouveau système dans lequel l'indemnisation ne sera pas une allocation que l'on touche passivement, mais la rémunération que le service public de l'emploi versera à chaque demandeur d'emploi en contrepartie de la formation qu'il devra suivre».

«Passé un délai de quelques mois, toute personne au chômage sans perspective sérieuse de reprise d'emploi devra choisir une formation qualifiante», a dit M. Sarkozy.

«Celle-ci sera définie par un comité national (...) À l'issue de cette formation, qui sera obligatoire, le chômeur sera tenu d'accepter la première offre d'emploi correspondant au métier pour lequel il aura été nouvellement formé», a expliqué le président.

L'opposition socialiste a répliqué que Nicolas Sarkozy était «champion quand il s'agit de brandir le glaive face aux plus vulnérables» à propos de ces deux réformes.