Les familles de bébés volés durant la dictature franquiste et les années qui ont suivi ont interpellé vendredi la justice espagnole pour demander que des enquêtes soient ouvertes sur plus de 1400 cas déjà signalés.

Trois organisations de victimes ont déposé une pétition signée par près de 90 000 personnes auprès du parquet général de l'État espagnol, lui demandant de ne plus classer ces plaintes et de rouvrir des dossiers déjà refermés.

Selon ces organisations, plus de 1400 cas de vols présumés de bébés ont été signalés à la justice depuis un an, dont la plupart ont été classés.

«Les autorités continuent à permettre le classement sans suite de nos plaintes, dans de nombreux cas sans enquête approfondie», assure Soledad Luque Delgado, une porte-parole des manifestants réunis vendredi devant le parquet général.

«Nous savons que rien ne pourra suffire à dédommager les parents qui n'ont pas vu leur enfant, les adultes qui n'ont pas pu partager leur vie avec un frère, ou ceux qui ont fondé leur vie sur une fausse identité, sur un mensonge», a-t-elle ajouté. «Mais nous devons au moins savoir la vérité».

Anadir, l'une des trois organisations à l'origine de la pétition, qui réunit des victimes de ce commerce, estime que 300 000 bébés ont pu être volés durant la dictature de Francisco Franco, entre 1939 et 1975, et jusque dans les années 80.

Sous le franquisme, des enfants étaient volés à leurs mères républicaines, un décret de 1940 permettant de les placer sous la garde du régime si leur  «éducation morale» était jugée en danger.

Les mères étaient informées que leur bébé était mort à la naissance et les enfants vendus à des familles ne parvenant pas à avoir d'enfants. Souvent les identités des bébés étaient falsifiées et ils figuraient comme enfants biologiques sur le livret de famille de leurs nouveaux parents.

Aucune loi n'est venue encadrer les adoptions avant 1987, ce qui a permis à un véritable trafic de s'installer.