La question du mariage homosexuel a fait irruption vendredi dans la campagne pour la présidentielle en France, le quotidien Libération affirmant que le président Nicolas Sarkozy y était désormais favorable, une position immédiatement démentie par le gouvernement.

«Mariage gai, Sarkozy tenté par le oui...», écrit en Une le journal de gauche dans son édition de vendredi.

«Sa décision est prise», écrit Libération citant des députés proches de Nicolas Sarkozy. «Il a toujours été très ouvert sur cette question», assure un proche conseiller du chef de l'État cité sous couvert de l'anonymat.

Selon le journal, le président pourrait faire un triple calcul: prôner une mesure que l'opinion publique est majoritairement prête à accepter, qui ne coûte rien aux finances publiques, et qui figure également dans les programmes des opposants de gauche.

En fin de matinée, la porte-parole du gouvernement Valérie Pécresse opposait un démenti ferme. «Le président de la République n'a absolument pas changé d'avis et est défavorable à l'ouverture du mariage aux couples homosexuels», a déclaré la ministre à l'AFP.

En 2006, Nicolas Sarkozy alors ministre de l'Intérieur avait évoqué un «contrat d'union civique» pour les homosexuels, alors qu'existait déjà en France depuis plus de six ans une union civile ouverte aux deux sexes.

Plusieurs ministres et caciques de la droite soutiennent depuis plusieurs années l'idée d'un mariage homosexuel. Mais en s'y ralliant, Nicolas Sarkozy risque de s'aliéner la partie de son électorat la plus à droite et la plus conservatrice.

Pour Jean-Luc Romero, ancien membre de l'UMP (droite présidentielle) qui a fait état de son homosexualité, «le président sortant essaie à la fois de lancer un ballon d'essai et de faire un coup politique».

«Les homosexuels ne seront plus dupes, car, avec cette majorité conservatrice et décalée par rapport à son électorat, un gai qui vote pour la droite, c'est comme une dinde qui vote pour Noël», a-t-il lancé.

Dix pays, majoritairement européens, autorisent le mariage entre personnes du même sexe: le Canada, les Pays-Bas, la Belgique, l'Espagne, l'Afrique du Sud, la Norvège, la Suède, le Portugal, l'Islande et l'Argentine. Les États-Unis et le Mexique autorisent le mariage homosexuel sur une partie de leur territoire.

D'autres pays ont adopté des législations sur une union civile accordant des droits plus ou moins étendus aux homosexuels, notamment le Danemark, la France, l'Allemagne, la Finlande, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni, la République tchèque, la Suisse, l'Uruguay, la Colombie et l'Irlande.