Le premier ministre socialiste grec Georges Papandréou a officiellement annoncé sa démission mercredi soir, alors que les Grecs attendaient dans une ambiance médiatique survoltée le nom de son successeur qui devrait diriger un exécutif de consensus au terme de longues tractations.

«J'adresse tous mes voeux de réussite au nouveau premier ministre», a déclaré M. Papandréou, sans citer le nom de son successeur, que la plupart des médias estimaient être le président du Parlement grec Philippos Petsalnikos, 60 ans.

M. Papandréou a estimé que le nouveau gouvernement «de consensus politique» allait lancer «un fort message» aux partenaires européens de la Grèce «que nous Grecs savons assumer nos responsabilités et coopérer».

M. Papandréou a souligné que le choix de son successeur était «particulièrement institutionnel, ce qui renforce les institutions».

Le nouveau premier ministre connu jeudi?

Après son entretien, Une réunion à la présidence de la République, qui devait aboutir à la nomination du nouveau chef de l'exécutif grec, entamée mercredi soir avec les dirigeants de deux partis, socialiste et conservateur, «doit reprendre jeudi à 8h GMT», a indiqué un bref communiqué de la Présidence mercredi soir.

Présent à cette réunion, Georges Papandréou, premier ministre sortant et chef du parti socialiste.

En face de lui, le chef de la droite, Antonis Samaras, qui avait finalement accepté dimanche soir, après des mois de refus, de coopérer pour la formation d'un gouvernement d'union nationale afin de tenter de sauver la Grèce d'une faillite qui se rapproche à grands pas.

Le parti d'extrême-droite Laos devait également y participer, mais son dirigeant Georges Karatzaféris a quitté la résidence présidentielle très rapidement en dénonçant le choix des deux partis.

Quelques minutes après son départ, suivi par les caméras, la présidence a publié un bref communiqué annonçant une poursuite de la réunion des partis jeudi, sans plus d'explications.

Mercredi, le gouverneur de la Banque de Grèce, Georges Provopoulos, a exprimé l'exaspération générale en Grèce face au risque de banqueroute rapide du pays, en soulignant que la formation «immédiate» du nouveau gouvernement était «impérative» pour «garantir l'avenir du pays dans la zone euro» et sauvegarder son système bancaire.

Il a aussi souhaité un «gouvernement fort» pour mettre en oeuvre le plan européen de désendettement adopté par la zone euro fin octobre et le surcroît d'austérité en découlant pour le pays.

Deux importants ministres socialistes, Iannis Ragoussis aux Transports et Anna Diamantopoulou à l'Éducation, ont renchéri, mettant en garde contre le risque d'un compromis a minima avec des figures de second plan.

Mercredi, la presse criait grâce: «La Grèce est dénigrée à l'étranger et le peuple grec voit ses dirigeants politiques jouer avec son avenir», déplorait le libéral Kathimérini.

Le socialiste Ta Néa dénonçait, lui, un «jeu byzantin», tandis que l'hebdomadaire en langue anglaise Athens News déplorait un «naufrage sans capitaine».

D'autant, soulignaient les journaux, que l'entrée de l'Italie en crise politique, elle aussi sous le poids de la dette, pourrait décourager encore plus les partenaires européens et créanciers de la Grèce de se démener en faveur de ce petit pays, maillon faible de la monnaie unique.

Le nom de Lucas Papademos, ex-vice-gouverneur de la Banque centrale européenne, qui faisait figure de favori en début de semaine, n'était plus retenu par les médias mercredi soir, en raison notamment de rivalités politiques intérieures en Grèce.

Selon Kathimérini, la droite est réticente à mettre au premier plan une personnalité étiquetée comme un socialiste modéré juste avant les élections. De son côté, le ministre socialiste des Finances, Evangélos Vénizélos, souhaite conserver la haute main sur les Finances, un poste que M. Papademos voudrait cumuler avec celui de premier ministre.

Ce ministère-clé est au coeur de la crise de l'euro et des négociations avec les banques pour appliquer une décote de 50% à la dette grecque, processus qui devrait déboucher sur une nationalisation de plusieurs banques.

Le nouveau premier ministre devra relever le défi d'accentuer l'austérité et réussir l'effacement de près d'un tiers des 350 milliards de la dette grecque.

S'il disposera pour ce faire d'un soutien politique théoriquement élargi, il devra aussi compter avec d'inéluctables tiraillements internes, et préparer des élections anticipées pour février.

Un test de la future cohésion gouvernementale sera la présence, ou non, dans le nouveau cabinet de figures politiques conservatrices, alors que le patron de l'opposition de droite s'était jusqu'à présent refusé à soutenir l'austérité mise en oeuvre par le gouvernement socialiste de Georges Papandréou.

Antonis Samaras a aussi irrité Bruxelles en refusant mardi de s'engager par écrit à respecter les promesses d'économies budgétaires et de réformes conditionnant le deuxième plan de sauvetage européen. La zone euro réclame notamment ces garanties pour débloquer d'ici le 15 décembre un versement de 8 milliards d'euros (11 milliards de dollars) sans lequel le pays sera en cessation de paiement.

L'Union européenne a besoin de plus que des «déclarations d'intention» pour résoudre la crise de la dette, a rappelé la chancelière allemande Angela Merkel. M. Papandréou a, lui, rassuré dans la matinée le président français Nicolas Sarkozy sur la formation «imminente» du nouveau gouvernement.