Moazzam Begg, qui a été détenu à Guantanamo Bay de 2002 à 2005, accuse le Canada d'agir comme ses anciens bourreaux à la prison militaire. Le Britannique de 42 ans a été refoulé à la douane de l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau, dimanche dernier. Il envisage d'entamer une poursuite judiciaire contre les autorités canadiennes.

Devenu ardent défenseur des droits des prisonniers de Guantánamo depuis sa libération, Moazzam Begg comptait notamment rencontrer la famille et les avocats d'Omar Khadr, toujours détenu à la base américaine.

Directeur de l'organisation Cageprisoners, le controversé militant a affirmé à The Guardian que, peu après l'atterrissage de son avion à Montréal, dimanche, trois policiers l'ont escorté hors de l'appareil devant les autres passagers. «À cet instant, j'ai réalisé que dans certains coins du monde, je serai toujours le suspect de terrorisme qui n'est pas bienvenu», a-t-il écrit.

Jamais accusé

M. Begg n'a jamais été formellement accusé d'actes terroristes. Arrêté au Pakistan en 2002 par la CIA, il a toujours soutenu avoir confessé des liens avec Al-Qaïda et les talibans sous la torture.

Les agents d'immigration de l'aéroport montréalais se sont montrés inébranlables. «On m'a dit qu'on me refusait l'entrée au Canada parce que je suis «un terroriste»», a écrit l'homme qui a été invité dans plus de 20 pays depuis 2005 pour dénoncer les conditions de détention des suspects de la «guerre contre le terrorisme».

Moazzam Begg s'est résigné à reprendre l'avion suivant pour la Grande-Bretagne. C'est la deuxième fois qu'il tente d'entrer au Canada sans succès. L'ancien prisonnier assure qu'il n'a jamais eu d'ennuis dans d'autres régions du monde, notamment en Europe, où il a prononcé des discours devant «des présidents et des premiers ministres».

Le militant est toutefois soupçonné de toujours éprouver de la sympathie pour les talibans dans son pays natal, le Pakistan. En 2010, l'ancienne responsable des questions féminines à Amnistie internationale, Gita Sahgal a été congédiée de l'organisation après avoir critiqué son association avec «le plus célèbre sympathisant des talibans en Grande-Bretagne».