L'ancien chef d'état-major de l'armée yougoslave Momcilo Perisic, plus haut responsable militaire de son pays, a été condamné à 27 ans de prison, mardi à La Haye, pour avoir «aidé et encouragé» notamment l'armée des Serbes de Bosnie (VRS) à tuer et persécuter les musulmans de Bosnie.

«Le général Perisic savait que les actions de la VRS comprenaient des crimes graves contre la population civile» et il «a continué à fournir de l'aide pendant des mois après avoir été informé des crimes», a déclaré le juge Bakone Moloto du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).

Momcilo Perisic, 67 ans, a, selon les juges, fourni du personnel, des armes et une aide logistique à la VRS et à la SVK, l'Armée de la Krajina serbe (entité serbe autoproclamée en Croatie), en sachant que ces moyens seraient utilisés pour tuer des civils en Bosnie et en Croatie.

Ainsi, en décembre 1993, quelque 7000 officiers de l'armée yougoslave servaient dans les rangs de la VRS et de la SVK. En 1994, plus de 25 millions de balles et plus de 7500 bombes ont été fournies à l'Armée des Serbes de Bosnie, ont dit les juges.

À la tête de l'état-major de l'armée yougoslave de 1993 à 1998, le général Perisic a été reconnu coupable d'avoir «aidé et encouragé» la VRS à faire le siège de la capitale bosniaque Sarajevo, pendant 44 mois à partir de mai 1992, siège au cours duquel 10 000 civils avaient été tués.

Il a été reconnu coupable au titre de douze chefs d'accusation constitutifs de crimes contre l'humanité et crimes de guerre, dont meurtres, persécutions pour motifs politiques, raciaux et religieux et attaques contre des civils.

L'aide qu'il a apportée à la VRS a permis le pire massacre commis en Europe depuis la Seconde guerre mondiale, celui de près de 8 000 hommes et adolescents musulmans à Srebrenica, dans l'est de la Bosnie en juillet 1995, selon les juges.

Reconnu coupable de meurtre, d'actes inhumains et de persécution concernant le massacre de Srebrenica, il a toutefois été acquitté du chef d'accusation d'extermination.

«Il n'est pas possible d'établir au-delà de tout doute raisonnable que le général Perisic aurait pu prévoir (...) que la VRS s'engagerait dans l'extermination radicale des musulmans», a soutenu le juge Bakone.

Le TPIY a estimé en outre que Momcilo Perisic n'exerçait pas de «contrôle effectif» sur le général Ratko Mladic, chef militaire des Serbes de Bosnie, qui était pourtant son subordonné.

Arrêté le 26 mai en Serbie et transféré à La Haye le 31 mai, Ratko Mladic est dans l'attente de l'ouverture de son procès pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

Le général Perisic a également été reconnu coupable d'avoir soutenu les Serbes de Croatie lors du bombardement de Zagreb en mai 1995. En plus de leur apporter une assistance logistique, il n'a pas pris les mesures nécessaires pour punir les responsables des crimes commis dans la capitale croate.

La prison à vie avait été requise le 29 mars à l'encontre de l'ancien général, l'un des principaux collaborateurs de Slobodan Milosevic, l'ancien président yougoslave mort dans sa cellule à La Haye en 2006.

Momcilo Perisic, qui plaidait non coupable, s'était livré volontairement le 7 mars 2005 au TPIY. Son procès s'était ouvert le 2 octobre 2008.

Il est le seul haut responsable yougoslave condamné à ce jour par le TPIY pour le massacre de Srebrenica, l'ancien président yougoslave Slobodan Milosevic étant mort durant son procès à La Haye.