L'Italie aurait versé durant plusieurs années des sommes d'argent à des talibans et à leurs alliés pour assurer une relative sécurité de ses troupes en Afghanistan, a affirmé vendredi l'hebdomadaire Espresso, citant des câbles américains dévoilés par WikiLeaks.

Par l'intermédiaire de son ambassadeur à Rome, Ronald Spogli, l'administration Bush s'est inquiétée à plusieurs reprises auprès du gouvernement de Rome de rumeurs insistantes sur le paiement de ces pots-de-vin qui expliqueraient, selon la diplomatie américaine, que les soldats italiens aient été moins victimes d'attaques que ceux d'autres membres de la coalition internationale sous la direction de l'OTAN.

L'Espresso cite trois documents diplomatiques secrets entre avril 2008 et octobre 2008 qui montrent la préoccupation croissante américaine quant au  versement présumé de sommes d'argent aux talibans et aux chefs de guerre.

En octobre 2008, l'ambassadeur américain, tout en saluant la décision italienne de déployer ses hommes dans la région ouest du pays, souligne: «malheureusement, l'importance de cette contribution est mise en danger par la réputation négative croissante des Italiens, qui évitent les combats, paient des rançons et de l'argent pour obtenir des protections».

«Cette réputation est basée en partie sur des rumeurs, en partie sur des informations des services secrets que nous ne sommes pas en mesure de vérifier complètement», observe-t-il.

«Vrai ou non, toujours est-il que les Italiens ont perdu douze soldats en Afghanistan, moins que d'autres alliés avec des responsabilités sembables», ajoute-t-il dans ce câble.

«J'ai présenté le problème à Berlusconi. Il m'a assuré n'en rien savoir et qu'il l'aurait empêché s'il en avait eu les preuves», poursuit-il.

Dès avril 2008, lorsque le cabinet de centre-gauche de Romano Prodi était encore aux commandes et que les élections approchaient, puis en juin, l'administration Bush avait déjà entrepris le gouvernement italien sur ce dossier délicat.

En 2009, les troupes italiennes de la Folgore (commandos parachutistes) mènent une offensive contre les insurgés, et dès lors elles subiront autant d'attaques que les autres.

Robert Gates, alors secrétaire américain à la Défense, exprime au chef de la diplomatie italienne Franco Frattini sa satisfaction «pour la fin des rumeurs sur les pots-de-vin», selon l'Espresso.