Si c'est le fils, James, qui a annoncé la fermeture de News of the World, les médias britanniques ont reconnu la patte du père, Rupert Murdoch. À 80 ans, l'Australo-Américain à la tête de News Corp, imposant empire médiatique qui compte notamment les journaux The Sun, The New York Post, The Times et le Wall Street Journal, la société de cinéma 20th Century Fox et les chaînes Fox News et Sky, a bâti son style sur ses décisions aussi brutales que brillantes.

News of the World est le premier quotidien anglais que s'est offert Rupert Murdoch, en 1969. Son père était l'éditeur de journaux les plus célèbres d'Australie pendant la première partie du XXe siècle, mais Murdoch a étendu l'empire familial au-delà des frontières de son pays natal. Ses tabloïds épousent une ligne volontiers populiste, sensationnaliste et provocatrice, qui n'épargne ni la famille royale ni les vedettes. Grand admirateur de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan, il soutiendra aussi Bill Clinton et Tony Blair. Homme de défis, Rupert Murdoch a souvent créé la surprise, notamment en lançant aussi le premier quotidien pour l'iPad, le Daily, ou en acquérant le site MySpace en 2005, revendu la semaine dernière à bas prix.

Toutefois, la décision abrupte de fermer News of the World a pris de court la presse britannique. Certains analystes y voient un sacrifice au profit d'une proche de Rupert Murdoch, l'ancienne rédactrice en chef Rebekha Brooks, et de son fils, James Murdoch, tous deux haut placés dans la hiérarchie. D'autres commentateurs croient plutôt que l'octogénaire tente de s'assurer la prise de contrôle du bouquet satellitaire anglais BSkyB, pour laquelle News Corp attend toujours le feu vert du gouvernement.

La disparition de News of the World ne devrait toutefois pas ébranler l'empire et ses 30 milliards de revenus annuels. «Mais les circonstances entourant la chute de News of the World fourniront aux critiques de Murdoch encore plus de munitions contre le magnat, à qui l'on reproche sa trop grande influence sur la politique et les médias», a écrit hier le Los Angeles Times.

- Avec Reuters, The Guardian, The Los Angeles Times, Les Échos et The New York Times