Talons hauts pour fillettes, magazines érotiques étalés à hauteur d'enfantDe plus en plus de parents britanniques se rebellent contre la sexualisation des petites filles. Le premier ministre David Cameron vient d'adopter une série de mesures pour juguler ce phénomène.

Les parents britanniques en guerre contre la sexualisation des enfants viennent de gagner une bataille. Le gouvernement de David Cameron veut mettre au pas les détaillants et l'industrie du divertissement en ce qui concerne l'érotisation des images et des produits exposés aux yeux des enfants.

Londres appuie l'ensemble des recommandations publiées lundi dans un rapport intitulé Laissez les enfants êtres des enfants. Ainsi, les couvertures de magazines à caractère sexuel devraient bientôt être camouflées dans les kiosques à journaux. Les publicités sexy seront bannies à proximité des écoles, des garderies et des terrains de jeu.

Les clips musicaux seront aussi frappés de restrictions d'âge, comme les films. D'ailleurs, l'équivalent britannique du CRTC, Ofcom, avait reçu plus de 4000 plaintes à la suite d'un numéro de la chanteuse Rihanna à la télévision britannique en décembre dernier.

L'auteur de l'étude, Reg Bailey, directeur de l'organisation chrétienne Mothers Union, voudrait également que les parents aient plus d'options pour empêcher l'accès à des sites pornos.

Il s'agit d'une victoire pour le réseau de parents Mumsnet. Très influent, le forum virtuel, qui compte 1,5 million d'usagers par mois, fait pression depuis 2010 sur les détaillants pour qu'ils «renversent la tendance» de la sexualisation des enfants.

«On répond enfin à nos inquiétudes envers la pornification de notre culture», a dit la fondatrice de Mumsnet, Justine Roberts.

Légiférer ou pas?

La réponse du gouvernement ne fait cependant pas le bonheur de tous: elle mise sur la bonne volonté des détaillants et des diffuseurs.

Le rapport Bailey proposait de légiférer dans 18 mois pour forcer la main des entreprises désobéissantes.

Mais David Cameron ne veut pas d'un «contrôle étatique». Les industries concernées devront plutôt lui présenter à l'automne les efforts qu'elles ont faits pour combattre le problème.

Signe des passions que suscite le débat, la présidente de Mothers Union, Rosemary Kempsell, est en désaccord avec son directeur, Reg Bailey. «L'approche consensuelle n'est pas la plus efficace, a dit Mme Kempsell. Une intervention gouvernementale apporterait une aide précieuse aux parents.»

Près de 52% des internautes sondés par le Daily Telegraph sont d'accord.

Des lignes directrices concernant la sexualisation et la commercialisation de produits destinés aux enfants existent déjà dans la plupart des industries. Le consortium des détaillants britanniques vient de créer un nouveau code de pratique, qui suggère entre autres choses de ne pas vendre de sous-vêtements noirs pour fillettes.

Emma Moore, une mère de famille qui milite contre les jouets stéréotypés, est très méfiante quant à la capacité des commerçants à se discipliner. «Tout ce qu'ils veulent, c'est faire de l'argent. L'idéal serait de légiférer là où c'est raisonnable et de donner plus de pouvoir aux parents et aux groupes de pression», a dit à La Presse la fondatrice de Pinkstinks.