Une juge française a estimé en mars que l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, malade et âgée, était dans «l'impossibilité de pourvoir seule à ses intérêts», sans toutefois ordonner un placement sous tutelle, a indiqué mercredi une source judiciaire.

Mme Bettencourt, 88 ans, a été au coeur d'une tentaculaire affaire politico-fiscale à l'été 2010, née d'un conflit familial qui a débordé sur le terrain politique en impliquant l'ancien ministre Éric Woerth pour des soupçons de conflits d'intérêts.

La juge des tutelles de Courbevoie, en banlieue parisienne, avait estimé en mars que la femme la plus riche de France était dans «l'impossibilité de pourvoir seule à ses intérêts», selon une source judiciaire confirmant une information du site internet du quotidien Le Monde.

Pour autant, si la juge des tutelles estime que «les facultés cognitives de Mme Liliane Bettencourt sont nettement altérées par une maladie cérébrale», elle ne conclut pas encore à une mise sous protection qui peut prendre la forme d'un placement sous tutelle.

Cette procédure de mise sous protection relancée à plusieurs reprises par la fille de Liliane Bettencourt, Françoise Bettencourt-Meyers, est toujours en cours, malgré la réconciliation survenue entre les deux femmes fin 2010 et un protocole annonçant leur retrait mutuel de toutes les procédures de justice.

Malgré cet accord, Françoise Bettencourt-Meyers s'est tournée mardi vers la juge des tutelles pour s'inquiéter de l'influence qu'elle juge néfaste de personnes dans l'entourage de sa mère et plus particulièrement celle de son avocat Me Pascal Wilhelm, selon une source proche du dossier.

Françoise Bettencourt-Meyers estime en effet qu'un «nouveau cordon sécuritaire» se reconstitue autour de sa mère, «au détriment de sa famille», «laissant craindre de nouvelles dérives contraires aux intérêts de Liliane Bettencourt», a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.

De 2007 à 2010, Françoise Bettencourt-Meyers a poursuivi en justice le photographe François-Marie Banier qu'elle accusait d'avoir abusé de la faiblesse de sa mère âgée de 88 ans pour obtenir près d'un milliard d'euros (1,43 milliard de dollars) de dons en assurances-vie et en tableaux dans les années 1990 et 2000.