Une enquêtrice de la police amie d'une victime présumée : les informations d'un journal populaire suédois jeudi ont jeté une nouvelle ombre sur l'enquête suédoise dans l'affaire de viol et d'agressions sexuelles visant le fondateur de WikiLeaks Julian Assange.

Selon Expressen, une policière chargée d'interrogatoires au début de l'affaire en août connaissait «Mademoiselle A», l'une des deux plaignantes. La fonctionnaire a depuis fait sur le réseau social Facebook de nombreux commentaires défavorables à l'Australien, âgé de 39 ans, a écrit le journal qui avait révélé «l'affaire Assange», le 21 août dernier.

Ce possible conflit d'intérêts, que la police et la justice suédoise n'ont pas souhaité commenter dans l'immédiat, affaiblirait une enquête déjà critiquée pour avoir révélé trop tôt le nom de Julian Assange et l'accusation retenue de viol, et fait l'objet de décisions contraires de différents procureurs.

«Si c'est vrai, c'est extrêmement anormal», a déclaré à l'AFP l'avocat suédois de Julian Assange, Björn Hurtig.

«S'il s'avère que le premier interrogatoire n'a pas été réalisé de manière objective, alors il n'y a pas vraiment de base pour ouvrir une enquête, et peut-être que toute l'enquête devra être refaite», dit-il.

Julian Assange, qui rejette les accusations portées contre lui, a fait appel le 3 mars de la décision de la justice britannique de l'extrader en Suède, ce pays scandinave ayant émis un mandat d'arrêt européen pour l'interroger.

L'Australien a plusieurs fois évoqué «un coup monté» contre lui, citant un désir de vengeance et même des motivations politiques après les révélations de WikiLeaks.

Selon Expressen, la policière en question et «Mademoiselle A» se connaissaient notamment via le parti social-démocrate, dont elles sont toutes deux des membres actives.

Depuis, la fonctionnaire, dont le nom est masqué, a plusieurs fois pris position sur le réseau social Facebook en faveur des deux femmes et contre Julian Assange.

«Allez Claes Borgström !», écrivait-elle ainsi selon Expressen le mois dernier, évoquant l'avocat des deux jeunes Suédoises.

Elle décrit également Julian Assange comme «une bulle prête à éclater», dans une autre publication sur le site.

Interrogé par l'AFP sur ces accusations, Claes Borgstöm en a relativisé la portée.

«C'est une affaire mineure. Elle n'a pas d'impact sur le dossier, et n'a pas d'intérêt pour la suite de l'affaire», a-t-il dit, dénonçant «plusieurs erreurs factuelles» d'Expressen, sans vouloir dire lesquelles.

L'affaire intervient après de nombreuses critiques de l'équipe de Julian Assange contre la Suède, qui avaient poussé le Premier ministre Fredrik Reinfeldt le mois dernier à monter au créneau et à défendre le système judiciaire «indépendant» suédois.

L'enquête avait notamment été ébranlée lorsqu'une grande partie des interrogatoires de la police suédoise avait fait l'objet de fuites dans des circonstances indéterminées sur l'internet début février.

Sur la base de ces interrogatoires consultés par l'AFP, la principale accusation pesant sur Julian Assange, celle de viol, repose sur le fait qu'il a pénétré sans préservatif une des jeunes femmes, «Mademoiselle W», alors qu'elle s'était endormie après avoir eu une relation sexuelle consentie avec lui.

Le procureur chargé du dossier, Mme Marianne Ny, a déclaré dans un communiqué qu'elle ne souhaitait pas faire de commentaires.

En raison des appels que peut interjeter Julian Assange, son extradition jugée probable ne devrait pas intervenir avant plusieurs mois, peut être au début de l'été, a dit Claes Borgström.