Berlin a appelé à sanctionner sévèrement les responsables du scandale à la dioxine qui a conduit certains pays à des mesures contre les importations de viande allemande, alors qu'une grande partie des élevages allemands fermés par mesure de précaution ont pu rouvrir.

«La justice doit intervenir avec sévérité», a lancé la ministre allemande de l'Agriculture, Ilse Aigner, dans un entretien au journal dominical Bild am Sonntag, soupçonnant une «énergie criminelle» et un «manque de scrupule effrayant», à l'origine de l'affaire.

La Corée du Sud, la Russie et la Slovaquie avaient pris samedi des mesures de précaution contre de la viande et des oeufs allemands. Et dimanche, les autorités danoises ont été alertées de la possible présence au Danemark d'aliments pour animaux contaminés à la dioxine en provenance d'Allemagne.

Néanmoins, la situation semblait se détendre en Allemagne. Quelque 3000 élevages allemands, obligés de suspendre leur livraison par mesure de précaution, ont pu reprendre leur activité, a annoncé dimanche le ministère de l'Agriculture de Basse-Saxe, État régional le plus touché par la contamination.

Le ministère allemand de l'Agriculture n'était pas immédiatement joignable pour préciser combien d'exploitations étaient encore suspendues dans l'Allemagne tout entière.

Au plus fort du scandale, vendredi, plus de 4 700 exploitations agricoles sur environ 375 000 dans le pays avaient été fermées par précaution dans huit États régionaux sur seize en Allemagne.

La dioxine est un résidu de combustion industrielle ou naturelle qui peut, à haute dose, provoquer le cancer. Berlin a toujours dit toutefois que, dans le cas présent, il n'y avait aucun risque immédiat pour la santé des consommateurs.

Dans l'entretien au Bild am Sonntag, Mme Aigner s'est par ailleurs inquiétée du sort des éleveurs allemands obligés de cesser leurs livraisons.

«C'est un coup dur pour nos paysans. Ils se retrouvent dans cette situation après les manigances de quelques personnes, alors qu'ils sont innocents et maintenant ils sont menacés de se retrouver avec leurs marchandises sur les bras», a-t-elle dit.

Dans le collimateur des enquêteurs: l'entreprise allemande Harles und Jentzsch, qui a livré en novembre et décembre des graisses contaminées destinées à la fabrication d'aliments pour animaux.

Le parquet a ouvert une enquête pour infraction à la législation sanitaire contre le patron de Harles und Jentzsch, Siegfried Sievert. Ce dernier s'est défendu dans un entretien dimanche à la télévision allemande Spiegel TV. Il a affirmé ne pas avoir utilisé de «graisses non autorisées» et ne pas savoir d'où venait la contamination.

Des soupçons d'escroquerie et de fraude fiscale ont cependant aussi été formulés contre lui. «Beaucoup de choses laissent à penser que l'entreprise a trompé ses clients et a transformé des acides gras de faible qualité en aliments pour le bétail chers», avait déclaré dans un journal paru samedi le ministère de l'Agriculture de l'État régional de Basse-Saxe, où se trouvent de nombreuses exploitations.

La Fédération des agriculteurs allemande a indiqué envisager de demander une aide financière pour les éleveurs obligés de suspendre leurs livraisons à cause du scandale, dans le journal dominical Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung.

Lundi, la ministre de l'Agriculture, Ilse Aigner, doit rencontrer les associations de consommateurs et agriculteurs au sujet du scandale de la dioxine.