La police russe a interpellé quelque 1300 personnes samedi à Moscou et dans sa région afin d'empêcher des manifestations interdites et des heurts entre l'extrême droite et des Caucasiens, une semaine après des affrontements entre policiers et nationalistes face au Kremlin.

La porte-parole de la police de la région de Moscou, Evgueni Guildeev, a annoncé les interpellations dans différentes villes de 808 personnes qui tentaient de manifester sans autorisation, sans pour autant préciser s'il s'agissait de militants nationalistes ou de personnes originaires du Caucase, région en grande majorité musulmane au sud-ouest de la Russie.

«La police de la région de Moscou agira de manière légale, mais très ferme pour empêcher toute action de ce type», a prévenu le porte-parole, selon l'agence Itar-Tass.

Plus tôt, son homologue pour la seule capitale, Viktor Birioukov, avait annoncé environ 500 interpellations pour empêcher tout rassemblement et débordement.

Il n'a pas indiqué combien de militants d'extrême droite et de Caucasiens avaient été arrêtés, mais il semblerait qu'il s'agisse avant tout de nationalistes, ces derniers ayant organisé dans la capitale russe la seule action d'ampleur.

Environ 500 adolescents ont défilé dans un parc près du siège des télévisions russes, dans le Nord de Moscou, scandant des slogans comme «La Russie aux Russes !» et «Moscou aux Moscovites !».

Des centaines de policiers antiémeutes sont intervenus, a constaté un photographe de l'AFP. «Presque tous les participants ont été interpellés», a indiqué M. Birioukov, précisant que la plupart étaient mineurs.

Des appels de nationalistes à se rassembler samedi après-midi près du siège des télévisions russes circulaient sur l'internet depuis deux jours.

L'extrême droite reproche aux médias leur couverture des affrontements du 11 décembre devant le Kremlin, lorsque des milliers de fans de foot et de nationalistes russes ont combattu la police. Ils réclamaient justice pour l'un des leurs, tué dans une bagarre avec des Caucasiens.

Des centaines de policiers et de militaires patrouillaient samedi autour de la place Rouge et de celle du Manège.

Les médias russes ont aussi fait état de 100 nationalistes interpellés à Samara et de 150 autres à Volgograd, deux villes sur la Volga.

Des mouvements d'extrême droite et des Caucasiens avaient appelé sur internet à des rassemblements dans Moscou, laissant craindre des affrontements entre eux ou avec la police.

Un millier de personnes avaient déjà été interpellées mercredi à Moscou, pour les mêmes raisons.

Interrogé à la télévision sur l'importance du nombre des adolescents participant aux rassemblements extrémistes, le Premier ministre Vladimir Poutine a jugé qu'il s'agissait d'un «signe inquiétant».

Depuis le 11 décembre, les autorités sont sur le qui-vive, les attaques racistes et les appels à manifester se multipliant.

Quatre adolescents russes, dont deux de 14 et 15 ans, ont été interpellés pour le passage à tabac vendredi d'un homme originaire du Caucase russe, selon les médias russes. Des jeunes du même âge ont été inculpés du meurtre d'un Kirghiz le 12 décembre. Un ressortissant ouzbek a en outre été tué cette semaine, et un Vietnamien blessé après avoir été frappé.

Le racisme gagne du terrain en Russie depuis la chute de l'URSS, alors que des centaines de milliers de personnes du Caucase russe et d'Asie centrale travaillent dans les villes de Russie pour échapper à la misère dans leur région d'origine.