Le président français Nicolas Sarkozy a reconduit dimanche François Fillon au poste de premier ministre et devait nommer dans la journée ou lundi matin un nouveau gouvernement, censé revigorer son action avant l'élection présidentielle de 2012.

«Après trois années et demie de réformes courageuses, conduites malgré une sévère crise économique et financière mondiale, je m'engage, sous l'autorité du chef de l'État, avec détermination, dans une nouvelle étape», a immédiatement déclaré dimanche François Fillon dans un communiqué.

Le premier acte ce remaniement, annoncé par Nicolas Sarkozy depuis cinq mois, s'était joué samedi soir. Selon la procédure, François Fillon, premier ministre depuis trois ans et demi, s'est présenté au Palais de l'Élysée pour remettre à Nicolas Sarkozy la démission de son gouvernement.

La poignée de main chaleureuse entre les deux hommes à la sortie de cet entretien a conforté les analyses selon lesquelles le premier ministre, populaire dans l'opinion et vivement soutenu par la majorité de droite, était devenu incontournable aux yeux de Nicolas Sarkozy.

Sobre dans son expression, parfois austère, cet homme de 56 ans, au physique de notable de province, a réussi à imposer son propre style, à l'ombre de l'«hyperprésident» Nicolas Sarkozy. Il fut le premier, à droite, à assumer la mise en oeuvre d'une politique de rigueur économique.

Le nouveau gouvernement doit être resserré avec 26 membres (ministres et secrétaires d'État) contre 37 actuellement, selon une source gouvernementale.

Pour le chef de l'État, en pleine crise de confiance avec les Français après l'adoption au forceps d'une douloureuse réforme des retraites, ce remaniement doit correspondre à un nouveau souffle, à un an et demi de la fin de son mandat.

Il avait d'abord songé à nommer une femme. Michèle Alliot-Marie, la ministre de la Justice, était donnée favorite. Puis il a pensé à désigner un centriste, pour donner une coloration plus sociale à son action. Le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo se préparait à la fonction.

Pour lui, la déception sera à la hauteur de son ambition déçue. Le ministère des Affaires étrangères lui aurait été proposé, en remplacement de Bernard Kouchner, l'ex-French doctor, donné partant presque à coup sûr.

Forte de la reconnaissance de ses pairs étrangers, Christine Lagarde cherche à se maintenir au ministère de l'Economie, mais elle aussi est citée pour les Affaires étrangères. Les deux portefeuilles sont stratégiques, alors que la France a pris vendredi la présidence annuelle du G20, en pleine «guerre des monnaies», et qu'elle assumera à partir de janvier celle du G8.

Seule quasi-certitude, l'ancien premier ministre Alain Juppé a indiqué lui-même dès samedi qu'il entrerait au gouvernement. Le portefeuille de la Défense lui semble promis.

À gauche, l'opposition ironisait dimanche sur le spectacle politique entretenu depuis des semaines autour de ce remaniement, et estimait que la politique de Nicolas Sarkozy ne changerait pas.

«Il y a de l'indécence à faire croire que les choses vont changer. La politique sera toujours celle de Nicolas Sarkozy», a déclaré Jean-Marc Ayrault, le chef des députés socialistes.

«C'est l'épisode 125 du feuilleton. On attend l'épisode 126. C'est une histoire avec tellement d'épisodes que l'on a perdu le sens de ce que c'était un gouvernement, c'est-à-dire mener une politique avec un premier ministre à sa tête», s'est amusée Cécile Duflot, la dirigeante écologiste.