«L'eau a commencé à monter... Un homme m'a mis un gilet de sauvetage, m'assurant que ce n'était que par précaution et qu'il ne fallait pas s'inquiéter»: un document inédit, publié jeudi en Grande-Bretagne, dévoile le témoignage émouvant d'une survivante du Titanic.

Laura Francatelli, alors âgée de 31 ans, était la secrétaire du baron Sir Cosmo Duff-Gordon et de son épouse Lady Lucy Christiana, passagers britanniques de première classe. Elle est morte en 1967.

«Ma cabine se trouvait sur le pont E, soit environ six mètres au-dessus de l'eau», raconte-t-elle dans une déclaration écrite donnée lors de l'enquête britannique sur le naufrage du Titanic, qui a coulé à pic en avril 1912 après avoir heurté un iceberg dans l'Atlantique, entraînant la mort de 1 500 personnes.

«Après la collision, je suis restée debout dans le couloir. L'eau a commencé à monter et je suis allée dans la cabine de Lady Duff-Gordon. Un homme m'a mis un gilet de sauvetage, m'assurant que ce n'était que par précaution et qu'il ne fallait pas s'inquiéter», ajoute-t-elle dans le document publié pour la première fois avant sa mise aux enchères, le 16 octobre, par la maison Henry Aldridge and Son, de Devizes (sud de l'Angleterre).

«Quand nous sommes arrivés sur le pont supérieur, les canots de sauvetage étaient en train d'être rabaissés. Je me suis rendu compte que la mer était plus haute et j'ai dit à Sir Cosmo Duff-Gordon "Nous coulons" avant qu'il me réponde: "N'importe quoi"», se souvient la survivante dans sa déclaration, dont le prix de vente est estimé entre 10 000 et 15 000 livres (16 000 à 24 000 $CAN).

Il ne restait plus guère de bateaux de sauvetage, mais la secrétaire et ses employeurs ont réussi à trouver une place dans un canot, à moitié vide et en grande partie occupé par des membres d'équipage. Plus tard, Sir Cosmo a glissé à chacun d'eux cinq livres.

«On nous a assis dans un canot, et on nous a dit de ramer pour nous éloigner du navire. J'ai entendu des gens dire que si le Titanic coulait, il nous emporterait. On était déjà loin quand on l'a vu se dresser par l'arrière et plonger. Il y a eu un gigantesque grondement puis des cris et des pleurs. Je ne sais pas combien de temps ils ont duré. On ne disait presque rien. Nous étions dans le noir.»