Le président de la Chambre des députés Gianfranco Fini a annoncé dimanche «la fin» du PDL (Peuple de la liberté), le parti qu'il a fondé avec le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, mais lui a proposé un «pacte» pour mener la législature actuelle à son terme.

Clôturant la fête de ses partisans de «Futur et liberté pour l'Italie» (FLI) à Mirabello, près de Ferrare (450 km au nord-est de Rome), M. Fini a durement critiqué le président du Conseil, l'accusant aussi bien de «s'aplatir» devant son allié de la Ligue du Nord que de «faire des génuflexions» devant le leader libyen Mouammar Kadhafi, reçu récemment avec faste à Rome.

Au cours d'un discours de près d'une heure et demie, souvent interrompu par les ovations de ses partisans, le président de la Chambre a estimé que le président du conseil devrait «respecter les institutions» et critiqué plusieurs mesures comme les coupes budgétaires dans le secteur de l'Education.

Rappelant que la crise entre les deux hommes avait éclaté le 29 juillet dernier, lorsque le PDL l'a «exclu de fait», M. Fini a répété: «Le PDL est fini, le PDL n'existe plus».

Mais il s'est ensuite refusé à réclamer des élections anticipées, jugeant que les Italiens «sont fatigués de cet état de campagne électorale pérenne» et que «l'échec de cette législature serait l'échec de tous».

M. Fini, répétant qu'il n'était pas question pour lui de «changer de camp», celui du «centre-droit», a proposé un «pacte» pour mener la législature à son terme, 2013 (bien 2013).

Après un mois de crise politique et afin d'éviter des élections anticipées, M. Berlusconi a annoncé fin août qu'il poserait en septembre la question de confiance au parlement sur cinq points: la justice, la fiscalité, l'évolution vers le fédéralisme, l'aide au Mezzogiorno (sud du pays), et des mesures pour renforcer la sécurité et lutter contre l'immigration clandestine.

Dans le cadre de son «pacte», M. Fini a indiqué que ses partisans, tant à l'Assemblée qu'au Sénat, demanderaient des précisions et poseraient leurs conditions sur chacun de ces points.

A propos de la réforme de la justice, sur laquelle M. Berlusconi avait fait une concession la veille, M. Fini s'est montré plutôt conciliant, jugeant que le Cavaliere ne devait pas «être empêché de gouverner» par ses ennuis judiciaires, et plaidant pour une forme d'immunité pénale pendant la durée de son mandat.

Le président de la Chambre a aussi indiqué qu'il exigerait que d'autres points figurent à l'agenda, notamment des mesures «pour une plus grande justice sociale», «la lutte contre toute forme de criminalité», et la «définition d'un code éthique pour ceux qui ont des responsabilités».

Sans annoncer la création d'un parti autonome, qui existe d'ailleurs plus ou moins de fait avec son courant FLI, M. Fini a martelé: «Nous irons de l'avant».

Le principal parti d'opposition, le Parti démocrate (PD, gauche), a aussitôt estimé, par la voix de son chef Pierluigi Bersani, que «la crise politique est évidente» car selon lui, M. Fini «ne croit pas lui-même à son pacte».

Alors que les responsables du PDL s'ingéniaient dimanche soir à analyser si le verre de M. Fini était «à moitié plein ou à moitié vide», le ministre de la Défense Ignazio La Russa a estimé que le président de la Chambre avait «joué au ping pong, oscillant entre une marche avant et une marche arrière».

Le porte-parole du Cavaliere Paolo Bonaiuti a tenu à préciser à la presse que M. Berlusconi s'abstiendrait de tout commentaire.