Comme prévu, Nicolas Sarkozy a défendu vigoureusement Éric Woerth lundi soir dans le cadre de l'affaire Bettencourt - demandant toutefois à son ministre du Travail d'abandonner son poste de trésorier de l'UMP.

Sans faire d'annonces, le chef de l'État français a passé en revue les axes majeurs de sa politique, à commencer par la réforme des retraites, lors de son intervention télévisée sur France 2.

L'affaire Woerth-Bettencourt, qui a placé l'exécutif dans la tourmente depuis plus de trois semaines, a été longuement abordée par le président lors d'une émission spéciale d'un peu plus d'une heure sur la chaîne publique.

Nicolas Sarkozy, qui avait déjà affiché son soutien à son ministre à plusieurs reprises, n'a fait qu'une concession, disant son «souhait» que celui-ci abandonne ses fonctions de trésorier de l'UMP, pour se consacrer «exclusivement à la réforme des retraites».

En outre, le chef de l'État a annoncé qu'il allait demander à une «commission» composée de représentants de toutes les familles politiques de réfléchir «dès la semaine prochaine à la façon dont on doit ou non compléter ou modifier la loi» en vue d'éviter à l'avenir tout risque de conflit d'intérêts.

Faisant référence au rapport de l'Inspection générale des finances rendu public dimanche soir, M. Sarkozy en a déduit qu'Éric Woerth «est donc lavé de tout soupçon».

Selon lui, une «campagne (de) calomnie» a été déclenchée pour faire obstacle à la réforme des retraites.

«Il y a quatre ans, au moment où j'ai pris la présidence de l'UMP, j'ai eu affaire à l'invraisemblable histoire Clearstream, et voilà qu'avec la réforme des retraites, on me décrit comme quelqu'un qui, depuis vingt ans, irait chez Mme Bettencourt, pour ramasser des enveloppes: c'est une honte», s'est-il indigné, faisant référence à des allégations attribuées à l'ancienne comptable de la milliardaire Liliane Bettencourt par le site d'information en ligne Mediapart.

Le président a ensuite consacré une longue séquence à défendre sa réforme des retraites, qui doit être présentée mardi matin en conseil des ministres. Sur le sujet, le gouvernement restera «à l'écoute» jusqu'à l'automne, a-t-il assuré.

«Je ne dis pas: c'est à prendre ou à laisser», a déclaré M. Sarkozy, laissant entendre que le texte pouvait encore évoluer sur certains points, tout en restant ferme sur le recul de l'âge légal de départ en retraite à 62 ans: «nous n'y toucherons pas», a-t-il répété.

Quant au calendrier prévu, il sera respecté, a-t-il assuré, évoquant un vote du texte par le Parlement en octobre, qui sera suivi comme prévu d'un remaniement du gouvernement, laissant entendre qu'il s'agirait d'une «équipe resserrée».

Le président a aussi défendu sa politique fiscale, basée, a-t-il insisté, sur le refus d'augmenter les impôts.

Il a notamment déclaré que les exonérations sur les emplois à domicile et les services à la personne seraient épargnées par le programme d'économie sur les niches fiscales prévu au budget 2011, «sous réserve de quelques aménagements techniques».

«Nous n'avons pas encore décidé exactement» quelles niches fiscales feraient les frais de l'économie de 10%, soit 7 à 9 milliards d'euros, mais «certaines seront supprimées», a précisé le chef de l'État lors d'un entretien sur France 2.

«D'une manière générale, il faut qu'on fasse un effort: la France ne peut pas vivre au-dessus de ses moyens», a réaffirmé le chef de l'État, préférant ne pas parler de «rigueur» mais de «rigoureux», car «le mot «rigueur» est connoté en France. Ce qui ne me fait pas peur, c'est le mot «rigoureux»: ça veut dire qu'on revient à l'équilibre. Je le ferai».

Vantant par ailleurs la réduction du nombre de fonctionnaires payés par l'État grâce au non-remplacement d'un départ sur deux, M. Sarkozy a de nouveau suggéré que les collectivités territoriales en fassent autant. «Qu'est-ce qui empêche les régions de France d'appliquer la même règle que l'État?», s'est-il interrogé.

Enfin, le président a confirmé qu'il ne prendra pas la décision de se représenter ou non à la prochaine élection présidentielle avant «l'automne 2011».

Jean-Paul Huchon, le président PS de la région Ile-de-France, a estimé que M. Sarkozy n'avait «pas répondu ce soir aux angoisses légitimes des Français qui sont confrontés à la crise. Alors que le chômage augmente, que les droits sociaux sont sacrifiés, que les jeunes sont stigmatisés, il a justifié sa politique économique et ses réformes injustes». Pour lui, le chef de l'État n'a fait que désigner des boucs-émissaires: les fonctionnaires, l'opposition, les collectivités territoriales«.