Plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi devant le siège de la plus haute juridiction espagnole pour protester contre l'entrée en vigueur lundi d'une nouvelle loi, plus libérale, sur l'avortement.

Les manifestants, portant des pancartes sur lesquelles ont pouvait lire «Non à l'avortement, oui à la vie» et «Chacun a le droit de vivre» se sont rassemblés devant le bâtiment de la Cour constitutionnelle à Madrid en réponse à l'appel de quelque soixante groupes ou associations.

Les manifestants scandaient «25 ans c'est assez», allusion à la dépénalisation de l'avortement en Espagne en 1985.

Les réformes du gouvernement socialiste sur l'avortement, qui autorisent notamment toutes les femmes à avorter jusqu'à la 14e semaine de grossesse, doivent prendre effet à partir de lundi prochain.

Mais la Cour constitutionnelle a accepté mercredi dernier d'examiner un recours introduit par le Parti populaire (PP, conservateur). Elle a donné au gouvernement et au Parlement trois jours pour présenter leurs arguments en faveur de la réforme.

Le PP a soutenu que la nouvelle législation violait un article de la constitution reconnaissant que «chacun a le droit de vivre».

La ministre de l'Égalité, Bibiana Aido, a affirmé qu'elle n'avait «aucun doute» que la nouvelle loi était «tout à fait constitutionnelle» et qu'elle entrerait en vigueur à la date prévue.

La réforme, à laquelle s'oppose fermement l'Église catholique romaine, a été approuvée par le Parlement le 24 février dernier.

Elle autorise celle qui le demande à avorter jusqu'à la 14ème semaine de grossesse et jusqu'à la 22ème semaine s'il existe un risque pour la santé de la mère ou si le foetus présente des malformations.

Cette réforme est en phase avec les lois en vigueur chez la plupart des partenaires européens de l'Espagne.

Une première version de la nouvelle loi autorisait les filles de 16 ans à avorter sans que leurs parents soient mis au courant. Mais la proposition de loi a été amendée et le texte approuvé par le Parlement oblige les mineures de 16 et 17 ans à informer leurs familles de leur décision d'avorter à moins qu'elles ne soient confrontées à «un risque clair de violence familiale, menaces, pressions ou mauvais traitements».

L'Espagne a dépénalisé l'avortement en 1985, dix ans après la mort du dictateur Francisco Franco, mais uniquement dans les cas de viol ou malformation foetale et lorsque l'état physique ou mental de la femme enceinte fait que l'accouchement présente un danger pour la mère.

L'an dernier, 115 000 avortements ont été pratiqués en Espagne, selon les chiffres du ministère de la Santé.

La majorité de ces avortements ont été pratiqués dans des cliniques privées et ont été justifiés par le fait que la grossesse représentait un «risque psychologique» pour la femme.