La ville catalane de Lérida a été vendredi la première en Espagne à prendre un arrêté pour limiter le port du voile intégral, en interdisant son usage dans tous les édifices municipaux, a annoncé la municipalité.

Le conseil municipal a voté à une large majorité un texte «limitant (...) l'usage du voile intégral et autres vêtements et accessoires qui couvrent totalement le visage et empêchent l'identification dans les bâtiments et les installations de la municipalité»

Cet arrêté municipal dont le parti nationaliste catalan CiU a pris l'initiative, a reçu le soutien du Parti socialiste qui dirige la mairie et des conservateurs du Parti populaire (PP).

Le texte qui a été approuvé à une confortable majorité (23 voix pour, une contre et deux abstentions,) est le premier du genre en Espagne où le voile intégral est relativement peu visible.

L'arrêté s'accompagne de l'engagement pris par la municipalité de «sensibiliser» les habitants au «respect de la dignité des femmes et des valeurs d'égalité et de tolérance», selon un communiqué diffusé par la municipalité.

CiU avait estimé en rédigeant sa proposition initiale que la présence dans cette ville de représentants salafistes, adeptes d'une doctrine rigoriste de l'islam, avait «facilité la diffusion de pratiques incompatibles avec les principes de l'égalité des sexes et du respect de la femme».

Le ministre du Travail du gouvernement socialiste espagnol, Celestino Corbacho, avait déclaré lundi être partisan d'une interdiction du voile intégral sur les lieux de travail et dans les locaux de l'administration.

«Cacher complètement la femme au moyen d'un vêtement, quel que soit le symbolisme, heurte violemment notre société et empêche les progrès visant à l'égalité entre les hommes et les femmes», une valeur «qui ne doit pas régresser», avait-il expliqué.

L'Espagne est un pays où l'immigration explose depuis les années 1990. La population issue de pays musulmans, notamment du Maroc, a fortement augmenté. Une importante communauté pakistanaise réside en Catalogne.

Une interdiction de ces vêtements islamiques est débattue dans plusieurs pays européens, comme la France et la Belgique.