Le parquet a requis vendredi 175 000 euros d'amende à l'encontre de Continental Airlines au procès en France sur l'accident du Concorde d'Air France en 2000, et deux ans de prison avec sursis contre le «père» du supersonique Henri Perrier, ex-cadre d'Aérospatiale.

Le procureur, Bernard Farret, a estimé que la compagnie américaine était bien responsable de l'accident qui avait fait 113 morts à Gonesse, près de Paris, le 25 juillet 2000. Une lamelle en titane perdue par un avion d'American Airlines, aurait fait éclater un pneu du Concorde, ce qui aurait percé un réservoir et embrasé l'appareil. Le procureur a mis en cause la «maintenance générale défectueuse» des DC10 de la compagnie.

Il a requis une peine de 18 mois de prison avec sursis pour deux employés d'American Airlines : John Taylor, un chaudronnier qui aurait mal fixé la lamelle, et son chef d'équipe Stanley Ford, qui n'aurait pas contrôlé son travail.

Contre Henri Perrier, ex-directeur du programme Concorde chez Aérospatiale, le procureur a requis 24 mois de prison avec sursis.

M. Farret a en revanche demandé la relaxe des deux autres prévenus français, Jacques Herubel, qui était «sous l'autorité» de M. Perrier, et Claude Frantzen, ex-cadre de la Direction Générale de l'Aviation Civile (DGAC).

La justice reproche aux responsables français de l'aéronautique de ne pas avoir tiré les leçons des incidents ayant émaillé la carrière du Concorde, notamment des éclatements de pneus.

Au cours de ce procès qui doit s'achever le 28 mai, Continental Airlines a réfuté les faits qui lui étaient incriminés, affirmant que le Concorde avait pris feu près d'un kilomètre avant l'endroit où se trouvait la lamelle de titane, et mettant en cause à son tour la responsabilité d'Air France.

La compagnie américaine a également porté plainte contre Air France pour «obstruction à la justice» après la disparition de documents sur le vol, une plainte que le tribunal a indiqué vendredi avoir versée au dossier.

L'avocat d'Air France, Me Fernand Garnault, a dénoncé «une manoeuvre supplémentaire» de la défense de Continental Airlines, affirmant que la compagnie n'avait «pas retrouvé ces documents», remplis avant le décollage et signés par le commandant de bord, mais qu'une une copie informatique avait permis d'en recalculer les données.

Continental Airlines encourt jusqu'à 225 000 euros d'amende. Ses deux employés et les trois responsables français encourent trois ans de prison et 45 000 euros d'amende.

Air France a en outre demandé lundi que sa concurrente américaine soit condamnée à lui verser 15 millions d'euros en réparation des préjudices subis.