La ville russe de Perm dans l'Oural, a commencé dimanche a enterrer ses morts au lendemain de l'incendie qui a ravagé une boîte de nuit tuant 112 personnes alors qu'un ministre russe a demandé l'interdiction des feux d'artice lors d'événements de masse.

Une centaines de personnes, très jeunes pour la plupart, sombres et silencieux, ont assisté à l'enterrement d'un barman du club, Timour Parfiriev, dans un cimetière enneigé de la ville, à 1200 kilomètres à l'est de Moscou.

«Timour a retiré des gens du feu. Il est mort parce qu'il est retourné dans les flammes» pour en sauver d'autres, raconte son ami Andreï, en ajoutant que la veuve de Timour est enceinte de leur premier enfant.

«Son corps a été retrouvé dans les ruines» du restaurant Cheval boiteux qui faisait aussi office de night-club le week-end, ajoute-t-il accusant «les autorités corrompues» du non-respect des normes de sécurité.

Le bilan des morts est passé dimanche «à 112 personnes et 26 personnes sont dans un état critique», grièvement brûlées, a déclaré à l'AFP une porte-parole des services d'urgence locaux.

L'incendie s'est déclaré dans la nuit de vendredi à samedi lorsque des feux d'artifice tirés à l'intérieur de l'établissement ont embrasé le décor en bois et le plafond, semant la panique parmi les 230 convives, dont de nombreux jeunes gens en tenue de soirée pris au piège des flammes et des fumées toxiques, selon des témoins.

«Il faut interdire catégoriquement l'utilisation des feux d'artifice lors d'évènements de masse», a déclaré le ministre russe des Situations d'urgence Sergueï Choïgou cité par l'agence russe Interfax.

Il a également annoncé des inspections «dès aujourd'hui» dans les établissements semblables au restaurant de Perm.

Selon les premiers éléments de l'enquête, les feux d'artifices tirés à Perm «étaient interdits d'utilisation dans les locaux», a annoncé Marina Zabbarova, chef de la branche locale du comité d'enquête auprès du parquet citée par l'agence Ria Novosti.

Le président Dmitri Medvedev a qualifié samedi le drame de «crime» et décrété le deuil national lundi. «Ceux qui ont organisé ces feux d'artifice n'ont ni cerveaux, ni scrupules», s'est-il indigné.

Devant les ruines de la boîte de nuit entourées d'un cordon de sécurité, des habitants de Perm ont allumé des cierges en dénonçant «l'indifférence» des organisateurs de la fête.

«C'était une pure négligence, pas un acte terroriste», lance Nadejda Safina, une rescapée de l'incendie. Elle s'est sauvée parce qu'elle se trouvait près de la sortie lorsque le feu s'est déclaré.

«Le plafond en plastic fondait et dégoulinait sur nous. C'était vite rempli de fumée marron épaisse. C'était affreux, les gens rampaient sur le sol», raconte-t-elle.

Une autre habitante qui se présente comme Nadejda a accusé les organisateurs de «stupidité et d'indifférence».

«C'était horrible. Ce n'aurait jamais dû se passer», dit-elle.

Cinq personnes, dont un des propriétaires et la directrice du restaurant, transformé en boîte de nuit le week-end, ont été interpellés pour non respect des règles de sécurité en matière de feux d'artifice, selon le parquet. Ils risquent 7 ans de prison.

L'établissement s'était déjà vu infliger deux fois des amendes pour non respect des normes anti-incendie.

L'incendie de Perm est le plus grave de ces dernières années en Russie, où les catastrophes dans des maisons de retraite, établissements médicaux et écoles sont fréquentes en raison de la vétusté des installations et d'une sécurité défaillante.