Le convoyeur de fonds français, devenu célèbre pour avoir dérobé sans violence des millions d'euros avant de se livrer à la police à Monaco, a avoué le vol devant les enquêteurs mardi, sans toutefois révéler l'endroit où il a caché le butin de 2,5 millions d'euros.

Soupçonné d'avoir volé 11,6 millions d'euros à Lyon (centre-est de la France) lors d'un transfert de fonds, Toni Musulin s'est rendu lundi à la police monégasque, qui l'a remis rapidement - et avec son accord - aux mains de la police judiciaire française. «Il reconnaît les faits, mais ne les explique pas», a déclaré à l'AFP le vice-procureur de Lyon, Jean-François Varaldi.

«C'est un vol simple. Il encourt trois ans de prison maximum», a commenté une source judiciaire française, se disant sceptique quant à la volonté de coopérer de Musulin et évoquant l'hypothèse d'une reddition «planifiée».

«Il aurait très bien pu rester tranquillement en Italie», où il se trouvait ces derniers jours avant de se rendre à Monaco, a précisé cette source à l'AFP.

Mais Musulin aurait décidé de «payer son dû judiciaire, afin de ne pas avoir à vivre traqué ensuite», avec l'idée de récupérer l'argent plus tard, a avancé ce responsable, précisant que cette théorie d'une reddition «planifiée» n'était pour l'heure «qu'une hypothèse».

«Toni Musulin est un voyou, ce n'est certainement pas le Robin des Bois auquel on a fait référence ces derniers jours», a indiqué une source proche de l'enquête, évoquant le fait que Musulin «n'a pas envie de parler».

L'avocat du convoyeur, Me Christophe Cottet-Bretonnier, a déclaré mardi à l'AFP que son client lui était «apparu soulagé de s'être rendu».

Toni Musulin, 39 ans, employé depuis dix ans chez le groupe suédois de transports de fonds Loomis, s'était volatilisé le 5 novembre à Lyon avec le chargement du fourgon qu'il conduisait. Il était depuis lors recherché dans toute l'Europe.

La garde à vue du suspect, interrogé par la police judiciaire à Lyon, a été prolongée mardi et il devrait être présenté au parquet mercredi, avant d'être déféré devant un juge pour son inculpation.

Sur 11,6 millions dérobés, 9 millions avaient été retrouvés deux jours après le vol dans un box, non loin du lieu où son fourgon vide avait été abandonné. Mais quelque 2,5 millions restent introuvables et pourraient avoir été cachés en France ou à l'étranger au cours de la cavale de 11 jours du convoyeur, d'origine serbo-croate.

L'audace de ce vol sans violence, le premier perpétré par un convoyeur sur son propre fourgon, avait fait en quelques jours de Toni Musulin une star de l'Internet.

Sur le site de socialisation Facebook des dizaines de groupes avaient fleuri, des milliers d'internautes saluant le fuyard, «plus fort que Tony Montana», le héros mafieux du film «Scarface».

Mais la cote de popularité du convoyeur avait immédiatement plongé après sa reddition: «Ca me dégoûte des gars comme lui qui commencent un truc et qui ne vont pas jusqu'au bout», déplorait mardi Donovan, tandis que Guillaume interpellait le convoyeur, abondamment traité de «looser».

Mais pour Kader Bengueche, délégué syndical CGT chez Loomis, c'est le «soulagement» et la «surprise» qui priment chez les convoyeurs de fonds.

«On pense qu'il a agi sur un coup de tête et qu'il n'avait pas forcément prévu l'importance de son geste», estime le syndicaliste qui défendra mercredi devant sa direction l'un des quatre collègues de Musulin mis à pied. Tous risquent le licenciement, pour avoir fait ce jour-là des entorses au règlement.