Berlin achevait ce week-end, devant une foule croissante, les préparatifs des festivités prévues lundi pour les 20 ans de la chute du Mur, un évènement qui remodela l'Europe et le monde.

Dimanche de très nombreux badauds se pressaient dans une ambiance festive pour admirer un millier de dominos géants en polystyrène installés au centre-ville sur l'ancien tracé du Mur, qui divisa la ville de 1961 à 1989.

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Alignées sur 1,5 km, notamment le long des édifices les plus emblématiques de Berlin comme la Porte de Brandebourg et le Reichstag, les stèles colorées hautes de 2,5 m et toutes décorées de motifs différents doivent s'écrouler lundi soir pour symboliser l'effondrement du Mur.

«Les Murs peuvent tomber. Et nous pouvons détruire les murs qui sont encore debout», a déclaré le maire de la capitale Klaus Wowereit lors de l'inauguration de cette galerie en plein air, confectionnée par 15 000 personnes dans le monde entier.

Dimanche après-midi, les Berlinois étaient invités à former une «chaîne de mouchoirs» près du «Parc du Mur» situé près de l'ancienne frontière. Chacun était invité à venir avec des mouchoirs, colorés si possibles, symboles des «nombreuses larmes, des adieux» mais aussi «de la joie, de la danse, de l'échange entre Est et Ouest», ont expliqué les organisateurs.

Les festivités de lundi seront «très émouvantes pour beaucoup en Allemagne», a prédit la chancelière Angela Merkel, elle-même originaire de l'ex-RDA, dans un message vidéo mis en ligne sur son site web.

«Même dans les années 1980 je n'aurais pas cru que le Mur allait tomber de mon vivant», a-t-elle déclaré au journal populaire Bild à paraître lundi.

Dimanche soir, la chancelière devait inaugurer un nouveau musée situé près du célèbre pont de Glienicke, où espions américains et soviétiques étaient échangés pendant la guerre froide.

Lundi après-midi, Mme Merkel se rendra à l'ancien poste-frontière de la Bornholmer Strasse, qui fut l'un des premiers à s'ouvrir il y a vingt ans et où la foule s'était précipitée en masse. La chancelière doit refaire ce parcours  avec d'autres témoins anonymes qui ont vécu ces événements.

Dans la soirée, les festivités culmineront avec une fête diplomatico-populaire à la Porte de Brandebourg.

Chaque pays de l'Union européenne, qui s'est élargie à 27 membres après la disparution du rideau de fer, doit être représenté.

Les dirigeants des quatre puissances qui occupaient la ville seront au rendez-vous: le Premier ministre britannique Gordon Brown, les présidents français et russe Nicolas Sarkozy et Dmitri Medvedev et la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton.

Parmi les hôtes de renom attendus lundi figurent aussi deux acteurs de premier plan de la fin de la guere froide, dont le Mur de Berlin était le symbole: le dernier dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev ou l'ex-leader anticommuniste polonais Lech Walesa.

Nocturne, la fête s'ouvrira à 18h00 GMT avec un concert de plein air de l'orchestre du Staatsoper de Berlin, sous la baguette de l'Israélo-Argentin Daniel Barenboïm. Un feu d'artifice est également au programme.

Une troupe de huit comédiens a prévu d'apporter une touche poétique aux festivités. Déguisés en anges, à la manière des créatures oniriques de Wim Wenders dans «Les ailes du désir» (tourné à Berlin avant la chute du Mur), ils vont se jucher sur les toits du centre-ville.

La municipalité attend 100 000 personnes pour les festivités nocturnes, «si la météo le veut bien».

Les hôtels ont en tout cas été pris d'assaut par les touristes et des hordes de journalistes venus du monde entier pour alimenter moult émissions spéciales.