La Cour constitutionnelle tchèque a jugé mardi le traité de Lisbonne conforme à la loi fondamentale du pays, condition nécessaire à la ratification complète du traité et au choix du futur président de l'Europe.

«Le traité de Lisbonne, dans son ensemble, n'est pas en contradiction avec l'ordre constitutionnel tchèque», a déclaré à Brno (est) le président de la Cour constitutionnelle, Pavel Rychetsky. Cette décision qui ouvre la voie à la signature du traité par M. Klaus, dernier des dirigeants des 27 pays de l'UE à ne pas avoir encore signé ce document, a été accueillie avec soulagement à Bruxelles, qui souhaite maintenant son application au plus vite.

«Je suis extrêmement heureux que la Cour constitutionnelle tchèque ait ouvert la voie à la ratification du traité de Lisbonne par la République tchèque», s'est félicité le président de la Commission européenne José Manuel Barroso dans un communiqué.

Mettant en garde contre «d'autres retards inutiles», un clair avertissement au président tchèque Vaclav Klaus qui doit encore signer le texte, M. Barroso a rappelé qu'un vaste chantier attendait désormais l'Union européenne.

M. Klaus qui a obtenu vendredi dernier l'exemption qu'il réclamait à la charte des droits fondamentaux, s'est engagé à signer le traité si la Cour donnait son feu vert. Or M. Klaus est attendu mercredi à Washington et ne doit rentrer à Prague que le 7 novembre.

Selon les textes officiels, l'entrée en vigueur du traité est prévue «le premier jour du mois suivant le dépôt (à Rome) des instruments de ratification de l'État signataire qui procède en dernier à cette formalité», soit le 1er décembre si le président tchèque signe sans délai excessif.

Les dirigeants européens vont devoir choisir, sans doute à l'occasion d'un sommet extraordinaire dans les prochains jours, le premier président stable de l'UE et le «ministre des Affaires étrangères» de l'Union qui sera également vice-président de la Commission européenne.

Les gouvernements des pays membres devraient également rapidement donner les noms de leur commissaire afin que M. Barroso complète la composition de la Commission européenne. L'actuelle Commission est arrivée en fin de mandat le 31 octobre et expédie actuellement les affaires courantes.

Avec la décision de la Cour constitutionnelle tchèque, «nous avons la clarté juridique» concernant le traité de Lisbonne, a estimé le président en exercice de l'Union, le premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt. «Nous sommes désormais très proches de la ratification complète».

Cet optimisme est partagé par le président du Parlement européen Jerzy Buzek qui s'est déclaré «très confiant».

«Le traité de Lisbonne devrait maintenant entrer en vigueur d'ici à la fin de l'année», a dit M. Buzek.

Concernant le futur président stable de l'UE, le nom du chef du gouvernement belge Herman Van Rompuy semble faire l'objet d'un consensus.

«Il y a un consensus sur son nom, ce qui est rare à 27. Personne d'autre ne fait l'unanimité», a déclaré lundi à l'AFP un diplomate européen.

L'ancien premier ministre travailliste britannique Tony Blair faisait figure de grand favori, mais l'euroscepticisme de son pays, qui n'est pas membre des zones euro et Schengen, et le souvenir de son engagement dans la guerre en Irak, ont réduit fortement ses chances, ont souligné des responsables européens.

L'autre grande bataille en préparation est le choix du futur haut représentant, véritable «ministre des Affaires étrangères» de l'Union, et sans doute «homme fort» de la future UE.

L'intensité de la campagne de Londres pour Tony Blair au poste de président stable de l'UE pourrait préparer le terrain à une solution de repli: celle du chef de la diplomatie britannique, le travailliste David Miliband pour le poste de haut représentant.

Les socialistes européens poussent en tout cas en ce sens, même si l'intéressé assure ne pas être disponible.

Le gouvernement italien dirigé par Silvio Berlusconi a de son côté multiplié les signes en faveur d'un de ses opposants, l'ancien chef du gouvernement italien et ex-ministre des Affaires étrangères de gauche Massimo D'Alema.