La coalition de gauche sortante a conservé d'extrême justesse la majorité au Parlement norvégien lors d'élections législatives lundi, selon des résultats officiels après le dépouillement de près des deux tiers des bulletins de vote.

Si ces résultats devaient être confirmés, le gouvernement conduit par le premier ministre travailliste Jens Stoltenberg serait le premier à être réélu dans le riche pays scandinave depuis 1993. La coalition sortante, qui regroupe la Gauche socialiste et le parti centriste autour, aurait remporté 87 sièges sur 169 au Parlement contre 82 pour la droite, dont 40 pour les populistes du parti du Progrès, selon les projections officielles après le décompte de 63,8% des voix.

Les écarts étant très réduits, les responsables politiques ont accueilli les premières estimations avec une extrême prudence.

«Ce sont de bons résultats, mais il faut conserver son sang-froid», a déclaré Raymond Johansen, président du parti travailliste, la principale formation du pays avec 65 sièges selon les projections préliminaires.

Il faut 85 sièges pour obtenir la majorité absolue.

«La victoire semble à notre portée», a réagi Kristin Halvorsen, chef de file du parti de Gauche socialiste, en prenant toutefois les précautions d'usage.

Les partis de droite ont de leur côté refusé de se dire battus avant des résultats plus complets.

Au pouvoir depuis 2005, la coalition de gauche a fait campagne sur une promesse de renforcer l'État-providence et de défendre l'emploi dans ce pays riche en pétrole.

Le gouvernement se flatte aussi d'avoir aidé la Norvège à surmonter sans mal la crise économique, grâce à la manne pétrolière.

En prévision de l'ère post-pétrole, le royaume, cinquième exportateur mondial d'or noir, place depuis 1996 ses revenus pétroliers dans un fonds de pension qui pesait 277 milliards d'euros fin juin.

Se tenant obstinément à l'écart de l'Union européenne (UE), le pays a aujourd'hui le taux de chômage le plus faible d'Europe (3,0%).

L'opposition de droite se présentait quant à elle en ordre dispersé malgré certains objectifs partagés tels que des baisses d'impôts et des privatisations.

Mais le bloc «bourgeois» a pâti de ses divisions, deux formations de centre-gauche refusant de siéger dans un gouvernement d'alternance aux côtés du parti du Progrès de Siv Jensen en raison de ses positions anti-immigration.

Principale formation de l'opposition, les populistes dénoncent notamment une «islamisation rampante» de la société et préconisent le transfert dans des camps en Afrique de demandeurs d'asile déjà arrivés en Norvège.

Le parti Libéral, fermement opposé à une quelconque coopération avec le parti du Progrès, semble avoir les frais de sa position, tombant sous le seuil fatidique des 4%, ce qui a conduit son président Lars Sponheim à annoncer son prochain retrait.

«Cela aurait été plus facile si tous les partis avaient adopté la même position d'ouverture que nous», a commenté la chef du parti conservateur Erna Solberg, considérée comme la prétendante la plus sérieuse au poste de premier ministre à droite.

Pour la première fois cette année, les conservateurs s'étaient dit ouverts à une alliance avec les populistes.

Ces derniers semblent avoir réalisé une bonne élection en augmentant a priori le score de 38 sièges obtenus lors des précédentes législatives de 2005.

La coalition de gauche avait, elle, remporté 87 sièges il y a quatre ans.