Le président russe Dmitri Medvedev a amorcé une détente dimanche avec son homologue turkmène après l'interruption en avril des livraisons de gaz du Turkménistan à la Russie, sans fixer toutefois de date pour leur reprise.

Symbole de cette décrispation, Dmitri Medvedev et Gourbangouly Berdymoukhamedov ont trinqué au champagne devant les caméras lors d'un sommet à Turkmenbachi, sur les bords de la mer Caspienne.

Assistant auparavant à la finale d'une course de véhicules tout-terrain, le rally de la Route de la Soie, le président russe avait insisté sur la volonté de Moscou d'entretenir des relations amicales avec le Turkménistan.

«Nous voulons avancer, dans la tradition des relations d'amitié en Asie centrale, et ces relations avancent», a-t-il lancé.

Cette ex-république soviétique, encore très repliée sur elle-même, pourrait renfermer le quart des réserves mondiales de gaz naturel, ce qui lui vaut d'être courtisée par toutes les grandes puissances, de la Chine à l'Occident.

Elle reste toutefois encore très dépendante du réseau de gazoducs hérité de l'ex-URSS et donc la Russie pour ses livraisons de gaz. En avril, un explosion sur un gazoduc russo-turkmène avait quasiment stoppé ses exportations, lui faisant perdre depuis, selon les experts,au moins cinq milliards de dollars.

Achkhabad a alors accusé Moscou d'être à l'origine de cet incident qui a brusquement réduit le volume de gaz pompé, à un moment où la demande européenne de gaz était en baisse, et s'est volontairement ostensiblement tourné vers l'Europe.

Dimanche, M. Berdymoukhamedov a annoncé que toutes les «questions techniques» liés à l'explosion étaient réglées et qu'un «dernier examen de l'état du gazoduc» était en cours.

Les discussions entre le géant russe Gazprom et le Turkménistan pour une reprise des livraisons de gaz turkmène vont reprendre «dans les prochaines semaines», a précisé un haut conseiller du Kremlin, Sergueï Prikhodko, cité par l'agence Interfax.

Cinq mois après l'explosion, aucune date n'a encore été arrêtée pour la reprise de l'acheminement de gaz dans le tube alors que de tels problèmes techniques sont généralement réglés dans un délai beaucoup plus bref.

Avancée plus tangible, le groupe gazier russe Itera a signé à l'occasion de ce sommet un accord avec les autorités turkmènes pour un partage de production sur le bloc 21, qui pourrait contenir 60 milliards de m3 de gaz, en mer Caspienne.

Itera devient ainsi la première entreprise russe à décrocher des droits d'exploration au Turkémistan.

«C'est un vrai partenariat dans ce domaine et je crois que nous pouvons nous féliciter conjointement», a déclaré Dmitri Medvedev.

En juillet, Achkhabad avait accordé des droits similaires à l'allemand RWE, partenaire du projet européen de gazoduc Nabucco.

Dans un clair avertissement à Moscou, M. Bedymokhamedov s'était alors dit prêt à s'associer à Nabucco, concurrent du projet russe South Stream, et à l'approvisionner en gaz.

Le Turkménistan a aussi décidé de lancer un appel d'offre pour la construction d'un gazoduc stratégique, alors que le chantier avait été promis dans un premier temps au géant russe Gazprom.