Vingt personnes ont été tuées et plus de 130 blessées dans un attentat suicide à la camionnette piégée commis contre un bâtiment de la police en Ingouchie, république du Caucase russe en proie à une rébellion islamiste très active à l'encontre des autorités.

Vers 09h00 (01h00 HAE), à Nazran, «une camionnette a défoncé le portail du bâtiment de l'état-major de la police municipale et est entrée dans la cour. Une puissante explosion a retenti ensuite», a indiqué le comité d'enquête du parquet fédéral de Russie dans un communiqué.

L'attaque s'est produite au moment où les policiers étaient rassemblés dans la cour pour une réunion, a précisé le responsable du comité d'enquête du parquet, Vladimir Markine.

Vingt personnes ont été tuées, selon un bilan provisoire du comité.

Le nombre de blessés a atteint 138 personnes dont dix enfants âgés de 5 à 12 ans, selon un porte-ministre de la branche locale du ministère des Situation d'urgence.

Réagissant à cette tragédie, le président russe, Dmitri Medvedev, a annoncé le limogeage du ministre ingouche de l'Intérieur, Rouslan Maïriev.

«Ce n'est pas seulement une conséquence des problèmes liés à l'activité terroriste, mais aussi d'un travail insatisfaisant des forces de l'ordre de la république», a souligné le président. «Cet acte terroriste aurait pu être déjoué», a-t-il estimé.

Le président russe a présenté ses condoléances aux proches des victimes, a annoncé le service de presse du Kremlin. «Ce crime est une preuve de plus de l'inhumanité des bandits qui poursuivent leurs efforts en vue de déstabiliser la situation en Ingouchie (...). Nous ferons tout pour trouver et punir les organisateurs de ce crime cruel», a déclaré M. Medvedev.

Le président américain Barack Obama s'est dit «profondément inquiet» au sujet de l'attentat. «Rien ne peut justifier de tels actes de terrorisme», a-t-il souligné, selon un communiqué de la Maison-Blanche.

La présidence suédoise de l'Union européenne a condamné cet attentat, en parlant d'un «acte brutal» et présentant ses «profondes condoléances» aux familles des victimes.

Selon des images diffusées par les télévisions russes, un immense cratère a été creusé par l'explosion qui a endommagé plusieurs bâtiments.

La puissance de la déflagration était équivalente à 200 kilos de TNT, selon le parquet.

La camionnette s'est dirigée vers le dépôt d'armement de la police, provoquant l'explosion de munitions stockées dans le bâtiment, a indiqué la police à un journaliste de l'AFP.

Des bâtiments proches de celui de la police visé par l'attentat ont été endommagés ainsi qu'une trentaine d'automobiles aux alentours, selon la même source.

Trois jours de deuil ont été décrétés en Ingouchie à partir de lundi.

Cette attaque intervient quelques jours après l'annonce par le Kremlin que le président de l'Ingouchie, Iounous-Bek Evkourov, a repris officiellement ses fonctions après avoir été grièvement blessé fin juin dans une tentative d'assassinat.

Cette république frontalière de la Tchétchénie est touchée par une rébellion qui s'inspire des mouvements indépendantistes et islamistes ayant lutté contre Moscou au cours de deux guerres en Tchétchénie pendant les années 1990 et au début des années 2000. Des attaques visent fréquemment les autorités et les forces de l'ordre.

«Il y a longtemps que nous n'avions pas connu une telle attaque», a observé le porte-parole du président ingouche, Kaloï Akhilgov. «Il n'y a pas assez de sang» pour soigner les blessés, a-t-il ajouté.

Aux yeux de M. Evkourov, des islamistes étaient derrière l'attentat suicide de lundi.

«Il ne fait aucun doute que c'est l'oeuvre de combattants qui cherchent à accroître leur importance. Il s'agit d'une tentative de déstabiliser la situation et de semer la panique», a ajouté M. Evkourov, selon des propos rapportés par son porte-parole.

En conséquence, une opération antiterroriste pourrait être mise en place dans les régions d'Ingouchie «où la situation l'exige», a prévenu M. Evkourov, actuellement en convalescence dans un établissement de soins près de Moscou.

La semaine dernière, le ministre ingouche de la Construction, Rouslan Amerkhanov, avait été tué par balles dans son bureau à Magas, capitale administrative de l'Ingouchie.