La jeune Française Clotilde Reiss, arrêtée en Iran pour s'être mêlée à des manifestations post-électorales, a été remise en liberté conditionnelle dimanche soir, après plus de six semaines de prison à Téhéran.

La France a accepté de payer une caution et que la jeune universitaire de 24 ans soit «hébergée» à l'ambassade de France à Téhéran, le temps que la justice iranienne se prononce sur les accusations qui pèsent contre elle. Clotilde Reiss «demeure sous contrôle judiciaire», a dit le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner.

Sa libération était devenue une priorité pour la diplomatie française, dans le contexte déjà difficile des relations entre la France et l'Iran. Celui-ci est marqué par le dossier du nucléaire iranien et par les doutes exprimés par Paris sur la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad, le 12 juin dernier.

Le chef de l'État français Nicolas Sarkozy a de nouveau réclamé dimanche «qu'il soit mis fin au plus vite aux procédures judiciaires à l'encontre de Clotilde Reiss», car Paris estime que la jeune femme est innocente et qu'aucune charge ne peut être retenue contre elle.

Paris reconnaît avoir demandé l'aide de pays pouvant avoir une «influence» sur l'Iran pour parvenir à cette remise en liberté, et mentionne en particulier le soutien de la Syrie, principal allié de Téhéran dans le monde arabe.

Nicolas Sarkozy «remercie les pays de l'Union européenne et d'autres pays amis, comme la Syrie, de la solidarité et de l'appui qu'ils nous ont apportés et continueront de nous apporter», a fait savoir la présidence française.

La Syrie avait déjà été tout particulièrement remerciée lorsque la France avait obtenu, mardi dernier, la remise en liberté de Nazak Afshar, une employée franco-iranienne de son ambassade, également pour sa participation à des manifestations.

Selon les autorités françaises et ses proches, la jeune femme est en bonne forme. «Elle est en bonne santé et garde un bon moral», a affirmé la présidence française. «Je l'ai trouvée en bonne forme, elle était très heureuse», a déclaré à l'AFP son père, Rémi Reiss, qui a pu s'entretenir avec sa fille au téléphone, quelques instants après sa remise en liberté.

«C'est un grand moment pour nous, après un mois et demi d'absence. On va maintenant pouvoir travailler à sa libération définitive», a ajouté Rémi Reiss.

La jeune universitaire, lectrice de français à l'université d'Ispahan, dans le centre de l'Iran, est accusée d'avoir pris part à des manifestations qui ont suivi le scrutin présidentiel contesté du 12 juin. Elle est aussi accusée d'avoir rassemblé des informations et «encouragé les émeutiers», selon la justice iranienne.

Elle avait comparu le samedi 8 août devant un tribunal de Téhéran. Lors de cette audience, cette jeune femme passionnée par la culture persane avait reconnu, outre la participation à des défilés, avoir rédigé un rapport pour un institut de recherche dépendant du service culturel de l'ambassade de France, selon l'agence de presse officielle iranienne Irna. Des aveux «sollicités», selon ses proches et le gouvernement français.

La jeune femme avait été arrêtée à l'aéroport de Téhéran le 1er juillet, alors qu'elle s'apprêtait à rentrer à Paris, son contrat de lectrice à Ispahan étant achevé. Elle était, depuis lors, détenue à la prison d'Evin, à Téhéran, qui «est une prison insupportable», selon Bernard Kouchner.

Le chef de la diplomatie a confirmé dimanche le versement d'une caution par les autorités françaises, sans en révéler le montant. Celui-ci s'élèverait à «quelques centaines de milliers d'euros», avait indiqué en fin de semaine le père de la jeune femme.

L'employée franco-iranienne Nazak Afshar avait dû elle aussi donner une garantie financière pour recouvrer la liberté, en gageant son appartement de Téhéran.