Le G8 a fait preuve mercredi à L'Aquila de prudence sur la situation économique internationale et sur l'Iran, mais pris un engagement ambitieux en faveur du climat, rejeté toutefois par les pays émergents et remis en cause par la Russie.

Réunis en sommet dans le centre de l'Italie, les dirigeants des huit pays les plus riches de la planète ont exprimé leur «profonde préoccupation» face aux violences intervenues récemment en Iran.

Mais ils ont dans le même temps affirmé leur volonté de privilégier le dialogue et la diplomatie pour régler le problème du nucléaire iranien.

La déclaration commune, adoptée après un dîner de travail consacré notamment à l'Iran, ne dit mot du résultat contesté des élections présidentielles et de sanctions éventuelles, un moment évoquées par certains pays dont les États-Unis. Téhéran a finalement échappé à une condamnation, malgré la répression qui a suivi la réélection contestée du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, la Russie s'opposant à toute ingérence dans les affaires intérieures de Téhéran.

Le G8 s'est en revanche montré plus ambitieux sur la question du réchauffement climatique en décidant mercredi de diviser par deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre d'ici à 2050 par rapport à 1990 et de «80% ou plus» celles des pays industrialisés, afin de limiter le réchauffement global à 2°C, selon le texte de leur déclaration.

«Nous avons enfin obtenu que les pays du G8 se rallient à l'objectif des deux degrés», s'est félicitée sur ce point la chancelière allemande Angela Merkel devant quelques journalistes.

Le principal conseiller économique du président russe Dmitri Medvedev a toutefois jeté un froid sur cet engagement du G8 en affirmant que l'objectif de 80% de réduction des émissions était «inacceptable» après que son pays eut pourtant souscrit à la déclaration commune.

Pour Kim Cartensen, expert climat du Fonds mondial pour la nature (WWF), rompu aux négociations en vue d'un nouvel accord climatique, en décembre à Copenhague, cette déclaration témoigne surtout d'un «désaccord au sein de la délégation russe».

L'engagement du G8 sur le changement climatique, rendu possible par la volte-face des États-Unis sur ce dossier depuis l'arrivée au pouvoir du président Barack Obama, tranche aussi avec le refus du Forum des principales économies (MEF), qui associe le G8 et les grands pays émergents, de s'y associer.

La balle est désormais dans le camp de ces pays émergents, qui doivent retrouver ceux du G8 jeudi à L'Aquila. Mais le départ précipité mardi du président chinois Hu Jintao en raison des émeutes dans la région du Xinjiang laisse peu de place à de nouvelles ambitions. La Chine est passée en 2008 au premier rang des pollueurs.

Sur le front économique, le G8 a pris acte du léger mieux de la conjoncture tout en restant très prudent sur les chances d'une reprise durable.

«La situation reste incertaine et des risques importants continuent de peser sur la stabilité économique et financière», considère le G8 dans son diagnostic sur la crise. «Les effets de la crise économique sur les marchés du travail peuvent remettre en cause la stabilité sociale», avertit en outre le G8.

Ces huit pays - États-Unis, Russie, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Italie, Canada et Japon - s'engagent aussi à réfléchir à des «stratégies de sortie» de leurs politiques de relance mais sans fermer la porte à de nouveaux coups de pouce budgétaires, preuve de leurs différences sur ce dossier.

Ce sommet, initialement prévu en Sardaigne, a été organisé à L'Aquila, dans le centre de l'Italie, en signe de solidarité avec ses habitants, victimes d'un séisme en avril qui y a fait 299 morts.