L'écrivain portugais José Saramago, prix Nobel de littérature 1998, a qualifié Silvio Berlusconi de «délinquant» et de «virus» dans une violente diatribe publiée dimanche par le journal espagnol El Pais.

«J'ai appelé cette chose délinquant et je ne le regrette pas», écrit M. Saramago dans cet article d'El Pais (centre gauche), qui avait publié vendredi des photos embarrassantes de femmes aux seins nus et d'un homme entièrement dévêtu prises lors de fêtes dans la villa de M. Berlusconi en Sardaigne.

M. Saramago avait déjà qualifié le chef du gouvernement italien de «délinquant» dans son dernier livre.

«Depuis plusieurs années, la chose Berlusconi commet des délits de gravité variable mais toujours démontrée. Et qui plus est, il n'enfreint pas les lois, mais bien pire, il en fait fabriquer pour protéger ses intérêts publics et privés, d'homme politique, d'entrepreneur, d'accompagnateur de mineures», selon M. Saramago.

«Cette chose, cette maladie, ce virus menace d'être la cause du décès moral du pays de (Giuseppe, ndrl) Verdi, si un vomi profond ne parvient pas à l'arracher de la conscience des Italiens avant qu'il ne finisse par ronger les veines et détruire le coeur de l'une des cultures les plus riches du monde», a-t-il poursuivi.

M. Berlusconi «est une chose dangereusement semblable à un être humain, une chose qui organise des fêtes, des orgies, et qui dirige un pays appelé Italie», a ajouté M. Saramago, 86 ans et auteur d'une trentaine d'oeuvres.

L'avocat M. Berlusconi, déjà fragilisé par l'affaire Noemi, nom d'une jeune fille de 18 ans qu'il est accusé de fréquenter, a annoncé qu'il allait porter plainte contre El Pais.

El Pais a publié dimanche de nouvelles photos prises dans la villa de M. Berlusconi, qui font partie de centaines de clichés saisis par la justice italienne après une plainte du Cavaliere pour violation de la vie privée.

M. Berlusconi «commet un abus de pouvoir continu qui peut ruiner l'Etat de droit et le système démocratique de l'Italie», a estimé dimanche El Pais dans un nouvel éditorial.