Les députés italiens doivent adopter jeudi sous la pression de l'extrême-droite une loi controversée sur la sécurité intérieure et l'immigration qui va placer l'Italie parmi les pays les plus sévères en Europe dans la lutte contre l'immigration clandestine.

La loi crée un délit «d'immigration et de séjour» clandestins, puni d'une amende de 5 à 10.000 euros et rend possible la dénonciation à la justice de tout immigrant en situation irrégulière. Elle porte de deux à six mois la durée de rétention des immigrants dans les centres d'identification et d'accueil. En matière de sécurité intérieure, la mesure la plus emblématique, adoptée sous la pression du parti anti-immigrés de la Ligue du nord, est la possibilité pour des «associations de citoyens» d'effectuer des rondes pour signaler aux forces de l'ordre des atteintes à l'ordre public.

Ce projet de loi, qui prévoit également l'enregistrement des sans domicile fixe, devra repasser devant le Sénat prochainement, mais son approbation ne fait guère de doute car le gouvernement de Silvio Berlusconi y dispose d'une confortable majorité.

La gauche et les associations de défense des immigrés ont dénoncé des mesures «liberticides» et même le «retour à la logique des lois raciales de l'époque de Mussolini». La Conférence des évêques italiens s'est émue en estimant que la nouvelle loi allait rendre plus difficile «l'objectif d'intégration» des immigrés dans la société italienne.

Une partie du centre-droit a été sensible à ces appels et le «paquet sécurité» a subi ces dernières semaines un parcours mouvementé au Parlement. Mais Silvio Berlusconi, qui a besoin de la Ligue du nord pour gouverner, a décidé de passer outre. Il a posé mercredi par trois fois la question de confiance sur les articles les plus controversés pour faire avancer l'examen du texte.

Désormais, le fait de louer un logement à un immigrant clandestin ou de l'héberger pourra être puni de peines allant jusqu'à trois ans de prison.

Une première version encore plus dure du texte prévoyait que les médecins, directeurs d'école et facteurs soient obligés de dénoncer les immigrants clandestins, mais cette mesure très contestée a finalement été retirée.

Une fois le texte adopté, les immigrants réguliers devront payer 200 euros pour obtenir la citoyenneté italienne et il faudra verser entre 80 et 200 euros pour obtenir et renouveler un titre de séjour.

Toutes ces mesures ont pour but d'accélérer la comparution des immigrants en situation irrégulière devant les tribunaux pour permettre leur expulsion immédiate.

Jusqu'à présent, l'Italie ne renvoyait vers leurs pays d'origine que quelques centaines d'immigrants «économiques» par an.

Elu il y a un an précisément sur les thèmes de la sécurité et de la lutte contre l'immigration clandestine, le gouvernement Berlusconi a multiplié les renvois d'immigrés vers la trentaine de pays avec lesquels l'Italie a signé des accords de réadmission.

Il y a une semaine, l'Italie a pour la première fois procédé à des refoulements directs de clandestins secourus ou interceptés en mer, vers la Libye, d'où arrive une majorité des migrants.

L'Italie a remis également jeudi à la Libye un premier lot de trois vedettes qui patrouilleront au large de Tripoli pour empêcher le départ des clandestins. «Il s'agit d'une nouvelle étape dans le processus de lutte contre l'immigration clandestine», s'est félicité Roberto Maroni, le ministre de l'Intérieur et membre de la Ligue du nord.