Les Islandais votaient samedi pour des élections législatives anticipées qui devraient se solder par une défaite cuisante du parti conservateur jugé responsable de la crise économique, au profit de la coalition de gauche qui gouverne depuis février.

Près de 228 000 électeurs de cette île arctique de l'Atlantique Nord sont appelés à renouveler les 63 députés du parlement (Althing) lors d'un scrutin proportionnel à un tour. Les conservateurs, au pouvoir depuis 1991, en avaient été chassés en janvier à l'issue de plusieurs mois de protestations et de manifestations inédites, alors que le pays était terrassé par la crise financière après des années de prospérité.

L'Islande, île de 320 000 habitants, qui n'est pas membre de l'Union européenne, avait basé son essor sur un secteur bancaire hypertrophié et a dû être sauvé de la faillite en novembre par le Fonds monétaire international (FMI).

Bjarni Benediktsson, président du Parti de l'Indépendance (conservateur), a été l'un des premiers dirigeants à voter. Il s'est rendu avec sa femme et ses deux enfants dans un bureau des environs de la capitale Reykjavik, où les électeurs ont rapidement afflué dès l'ouverture à 09h00, selon une journaliste de l'AFP.

Il s'est déclaré optimiste et confiant malgré tous les pronostics qui prévoient la défaite de sa formation. «J'ai noté ce que les sondages ont dit, mais je pense que nous allons faire mieux que ce qu'ils prévoient», a-t-il dit.

Concernant les 10 à 15 pour cent d'abstentions ou de bulletins blancs prévus par les sondages, il a estimé qu'il pourrait s'agir d'électeurs conservateurs qui bouderaient son parti cette fois-ci.

L'inquiétude concernant l'importance des abstentions ou des votes blancs est partagée par Maria, 42 ans, propriétaire d'un salon de coiffure.

Elle votait dans le même bureau, mais pour la formation de gauche concurrente et favorite, les sociaux-démocrates, car leur chef de file, Johanna Sigurdardottir, «a toujours été authentique».

L'actuelle coalition -- partis social-démocrate et Gauche-Verts -- au pouvoir depuis février, est donnée gagnante par tous les sondages. Et les deux partis ont d'ores et déjà indiqué qu'ils souhaitaient poursuivre cette coalition en cas de victoire.

Avec l'émiettement des voix, aucun parti ne peut décrocher seul la majorité absolue et doit donc nouer un partenariat pour former un gouvernement qui détient la réalité du pouvoir exécutif.

Selon un dernier sondage, publié vendredi soir, le Parti Social-Démocrate est crédité de 29,8% et le parti Gauche-Verts, de 26,3%.

Le PI, artisan de la libéralisation du secteur bancaire à l'origine du boum économique et de la crise financière, est crédité de 23,2%, nettement inférieur à son plus bas historique de 1987 (27% des voix).

Les sociaux-démocrates, dirigés par la populaire Johanna Sigurdardottir, ont fait campagne sur la nécessité pour le pays nordique, dont la devise a perdu près de 44% de sa valeur l'an passé, d'adhérer aussi vite que possible à l'Union européenne et d'adopter la monnaie unique.

Cette position n'est pas partagée par son allié Gauche-Verts. Ce parti a toutefois reconnu l'urgence de discuter de cette question qui divise profondément les Islandais, les eurosceptiques redoutant qu'une adhésion à l'UE ne nuise à l'industrie traditionnelle de la pêche.

Les bureaux de vote fermaient à 22H00. Les premières estimations étaient attendues peu après et les résultats définitifs tôt dimanche matin.