Josef Fritzl, 73 ans, qui a séquestré et violé sa fille pendant 24 ans dans sa cave, a un besoin maladif de pouvoir et admet «être né pour violer», selon l'experte psychiatrique entendue mercredi à son procès devant la Cour d'assises de Sankt-Pölten, près de Vienne.

  «Au fond de lui-même bouillonne le besoin de pouvoir. Il est capable de bien se contrôler mais quand ce contrôle lâche, ce besoin de pouvoir explose», a souligné l'experte Adelheid Kastner en décrivant la personnalité ambiguë de l'accusé jugé depuis lundi.

Ce besoin de pouvoir, il «doit l'assouvir soit sexuellement, soit autrement», a-t-elle ajouté. «Tant qu'il a des pulsions sexuelles, il exprimera ainsi son besoin de pouvoir, mais ce besoin ne disparaîtra pas avec la disparition des pulsions sexuelles», a-t-elle insisté.

Pour l'experte, Josef Fritzl doit être détenu dans un centre spécialisé, car son âge avancé n'enlevait rien à son caractère dangereux.

«Le danger persiste qu'il commette à nouveau des actes graves s'il n'est pas soigné», a-t-elle estimé en jugeant «nécessaire qu'on le traite, et cela jusqu'à ce qu'on puisse dire qu'il n'est plus dangereux».

Adelheid Kastner a, par ailleurs, insisté sur le côté ambivalent de l'accusé, qui a pu mener une double vie diabolique à l'insu de sa famille et son entourage pendant près d'un quart de siècle: «On a d'un côté une apparence de façade lisse, insignifiante où tout fonctionne, mais, dans le fond, bouillonnent des besoins inassouvis», a-t-elle précisé.

Elle a ajouté que Josef Fritzl était conscient d'avoir «un côté méchant» et admettait «être né pour violer».

Il a abusé pendant 24 ans de sa fille Elisabeth, séquestrée dans une cave-cachot où sont nés sept enfants de l'inceste, dont l'un est mort nourrisson faute de soins extérieurs.

Josef Fritzl, qui a reconnu mercredi sa responsabilité dans la mort de cet enfant de l'inceste, a lui-même déjà eu sept enfants légitimes avec sa femme Rosemarie, épousée en 1959 alors qu'elle avait à peine 17 ans.

Interrogé sur la raison pour laquelle il a voulu tant d'enfants, l'experte psychiatre a indiqué que, pour l'accusé, «plus il y a d'enfants, plus il est sûr de maîtriser la relation, et plus il y a d'enfants, plus il peut exercer son pouvoir».

«M. Fritzl a fabriqué, selon ses propres dires, une situation qui représentait tout ce qu'il a toujours souhaité», a-t-elle noté en relevant son incroyable capacité de faire abstraction de sa seconde famille dans la cave lorsqu'il vaquait à ses occupations habituelles ailleurs.