À quelques jours de son procès, le père incestueux autrichien Josef Fritzl fait la chasse aux millions pour payer ses dettes et anticiper les indemnisations qu'il devra verser à sa fille, violée et séquestrée pendant 24 ans dans la cave de sa maison à Amstetten.

Traqué par les médias, l'ingénieur-électricien en retraite l'est aussi par ses créanciers. Ils lui réclament environ 3,5 millions d'euros. Propriétaire de sept immeubles, Fritzl est en situation de faillite personnelle depuis début février. Une procédure en ce sens a été ouverte au Tribunal de Sankt-Pölten, près de Vienne, où il sera jugé en Cour d'assises à partir du 16 mars, pour apurer son passif contracté auprès de banques, du trésor public et de la sécurité sociale.

«Mais les éventuelles indemnisations des victimes ne sont pas comprises dans l'estimation de la dette», rappelle Walter Anzböck, administrateur judiciaire chargé du dossier.

Peter Miklautz, avocat viennois spécialisé dans les dommages et intérêts, suppute que Josef Fritzl, 73 ans, devra probablement s'aquitter «d'une somme à six zéros» pour avoir privé de liberté sa fille Elisabeth et lui avoir fait sept enfants. Trois d'entre eux ont partagé la captivité de leur mère jusqu'à la révélation du scandale le 26 avril 2008 après l'hospitalisation de l'aînée des enfants de l'inceste, dans le coma et gravement anémiée, à l'hôpital d'Amstetten.

Une expertise est en cours pour évaluer les biens immobiliers, logements et locaux commerciaux achetés par Fritzl à Amstetten et dans sa région. Selon la presse, son parc immobilier pourrait atteindre une valeur totale de 2,8 millions d'euros.

Seule la maison du drame, au numéro 40 de la Ybbstrasse à Amstetten, une bourgade paisible à 130 km à l'ouest de Vienne, pourrait avoir du mal à trouver preneur, avance Walter Anzböck. «Et encore j'ai déjà reçu des offres de l'étranger bien au-delà de la valeur du marché», souligne-t-il.

La vente de ses actifs ne semblant pas suffisante pour faire face à ses obligations, Josef Fritzl envisage aussi une source alternative de revenus: monnayer son histoire.

Fin décembre dernier, la presse allemande avait fait état d'une tentative infructueuse de vente de procès-verbaux d'audition et de pièces du dossier à des journaux britanniques pour quatre millions d'euros.

L'agence de presse britannique Central European News a affirmé avoir obtenu, moyennant un important versement aux victimes, une interview exclusive de Josef Fritzl dans sa cellule après le procès, ce que l'administrateur judiciaire Walter Anzböck n'a pas confirmé.

Josef Fritzl veut aussi vendre ses mémoires au plus offrant et les droits de tournage exclusif dans le bunker d'une quarantaine de m2 et 1,70 m de hauteur sous plafond, fermé par une série de huit portes, dont les trois dernières actionnées par des commandes électroniques.

«J'ai des offres», confirme Walter Anzböck, «l'accord des victimes n'est juridiquement pas nécessaire, mais nous agirons en concertation avec la famille. Il est clair que cet argent devra revenir aux victimes».

Dans la presse, le chiffre d'un million d'euros circule pour ces prises de vue exclusives.

L'administration municipale d'Amstetten ne l'entend toutefois pas de cette oreille. Le bunker a été construit illégalement et une procédure est en cours, argumente-t-elle.

Le cachot pourrait de toutes façons rester scellé encore de longs mois: il reste une pièce à conviction jusqu'à la fin de la procédure, éventuellement après un procès en appel.