La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, plaidant le «réalisme», a appelé jeudi l'Otan à donner son feu vert à une reprise du dialogue avec la Russie, pour dépasser la grave crise provoquée l'été dernier par le conflit russo-géorgien.

«Même si certains perçoivent le Conseil Otan-Russie comme une récompense ou une concession à la Russie, il devrait être considéré comme un mécanisme de dialogue sur les sujets de désaccord et une plate-forme de coopération qui est dans notre intérêt», a déclaré la chef de la diplomatie américaine dans son premier discours devant ses collègues de l'Alliance atlantique réunis à Bruxelles.

«Il est temps d'aller de l'avant, il ne faut pas rester sur place avec l'illusion que les choses vont changer d'elles-mêmes», a-t-elle ajouté, à la veille de sa première réunion avec son homologue russe Sergueï Lavrov vendredi à Genève.

«L'heure du réalisme a sonné, ainsi que celle de l'espoir», a encore lancé Mme Clinton. «Il est temps de chercher un nouveau départ» et de «travailler de manière constructive» avec la Russie, a-t-elle souligné.

La question de la relance des relations formelles de l'Otan avec la Russie, après six mois de suspension, dominait l'ordre du jour des ministres.

Malgré les réticences des pays d'Europe de l'Est, les diplomates s'attendent à ce qu'ils donnent leur feu vert à la reprise du dialogue avec Moscou et autorisent la convocation prochaine du Conseil Otan-Russie, qui ne s'est plus réuni depuis six mois.

Le secrétaire général de l'Otan Jaap de Hoop Scheffer a indiqué qu'il allait lui-même recommander aux ministres d'aller dans ce sens.

Mme Clinton a énuméré des thèmes de coopération avec Moscou comme l'Afghanistan, la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue, la piraterie ou encore la prolifération des armes de destruction massive en citant l'Iran et la Corée du Nord.

Elle a précisé qu'elle parlerait vendredi avec M. Lavrov «de tous ces sujets et d'autres».

Mme Clinton a cependant souligné, comme pour apaiser les pays d'Europe orientale réticents à renouer trop vite avec Moscou, que l'Otan devait «parvenir à traiter nos divergences avec la Russie là où elles persistent, et nous en tenir à nos principes quand et où nos intérêts de sécurité sont en jeu».

«Nous devons continuer à garder grandes ouvertes les portes de l'Otan à des pays européens comme la Géorgie et l'Ukraine et les aider à respecter les normes de l'Otan», a ajouté la secrétaire d'Etat américaine.

Ces deux ex-Républiques soviétiques voisines de la Russie aspirent à adhérer à l'Otan. Moscou, qui y voit un signe de plus des mauvaises intentions à son égard qu'elle attribue à l'alliance militaire occidentale, a des relations tendues avec ces deux pays.

Preuve de ces tensions, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a averti jeudi que les livraisons de gaz russes à l'Ukraine et vers l'Europe seraient de nouveau interrompues si Kiev ne paie pas d'ici samedi sa facture gazière de février.

Et la Géorgie a accusé Moscou d'avoir envoyé un hélicoptère dans son espace aérien, près de la région sécessionniste d'Abkhazie, ce que Moscou a démenti.

Les ministres devaient rencontrer dans l'après-midi des représentants géorgiens et ukrainiens, pour satisfaire les pays est-européens de l'Otan s'inquiétant d'une trop grande souplesse face à Moscou.

Réticences que le ministre lituanien Vygaudas Usackas a encore exprimées jeudi matin en jugeant «un peu prématuré l'ouverture d'un dialogue formel» avec Moscou.