Un comité du Parlement européen a voté lundi en faveur d'une proposition visant à imposer un embargo partiel des produits du phoque en provenance de pays où on en fait la chasse, parmi lesquels figure le Canada.

Ces parlementaires ont rejeté un premier projet de proposition recommandant de strictes règles d'étiquetage, préférant plutôt une interdiction partielle de l'importation des produits dont les peaux et l'huile, entre autres.

Un amendement prévoit cependant des exceptions pour les produits du phoque fournis par les Inuits du Canada et du Groenland.

Avant d'être en vigueur, cette interdiction devra toutefois être approuvée par le Parlement européen dans son ensemble et par les gouvernements membres de l'Union européenne. Les partisans de l'embargo espèrent que ces étapes seront franchies avant la fin du mois prochain.

D'après Denis Longuépée, de l'Association des chasseurs de phoque des Iles-de-la-Madeleine, il est toutefois possible qu'aucune décision finale ne soit prise avant juin. Les conséquences sur le commerce pourraient néanmoins être immédiates.

M. Longuépée s'est dit d'autant plus déçu du résultat du vote que le Canada a récemment fait beaucoup d'efforts pour démystifier la chasse au loup-marin en Europe.

La chasse aux blanchons a cessé il y a plus de 20 ans et les chasseurs sont désormais formés par des vétérinaires qui leur enseignent comment abattre les animaux en les faisant souffrir le moins possible. «On est prêts à changer, mais avec le vote de ce matin, on dirait qu'on recule», a-t-il déclaré en entrevue à La Presse Canadienne.

Le Canada et le Groenland ont prévenu l'Union européenne qu'ils ont l'intention de contester l'embargo devant les instances internationales du commerce. Le Danemark, la Suède et la Finlande, ont eux aussi manifesté leur opposition à l'interdiction d'importation de produits du phoque dans les 27 pays de l'Union européenne.

La ministre fédérale des Pêches et des Océans, Gail Shea, a récemment multiplié les rencontres avec les parlementaires européens pour les convaincre que la chasse aux phoques se faisait sans cruauté. Elle a promis lundi de garder le cap et de défendre les chasseurs «jusqu'à l'Organisation mondiale du commerce» s'il le fallait.

Le député bloquiste de la Gaspésie et des Iles, Reynald Blais, croit cependant que le vote de l'UE devrait inciter Ottawa à modifier rapidement sa stratégie de relations publiques pour s'adresser directement à la population européenne. «Ce n'est pas uniquement par des séances d'information à l'ambassade qu'on va réussir. Il faut un plan d'action beaucoup plus musclé», a-t-il insisté.

Ottawa estime que la décision de l'Union européenne pourrait avoir une influence considérable sur le secteur de la chasse aux phoques, qui pourrait perdre annuellement jusqu'à 13 millions $ et affecter 6000 pêcheurs au Canada, dont près d'un millier aux Iles.

Au cours des trois dernières années, le quota des prises de phoques a oscillé entre 270 000 et 335 000 par an.