La Lettonie, pays balte frappé de plein fouet par la crise économique, s'est retrouvée sans gouvernement après la démission vendredi du cabinet de centre-droit d'Ivars Godmanis.

«Le Premier ministre m'a présenté une lettre de démission et je l'ai acceptée», a déclaré à la presse le président letton Valdis Zatlers à l'issue d'une réunion à huis clos avec M. Godmanis dont la coalition était menacée d'éclatement depuis des semaines.

Le président Zatlers a annoncé qu'il allait ouvrir dès lundi des consultations avec les chefs de partis politiques lettons, en vue de former une nouvelle coalition gouvernementale.

M. Godmanis a expliqué que sa position était devenue intenable après le refus de deux principaux membres de sa coalition quadripartite, le Parti du Peuple et l'Union des Verts et des Fermiers, de répondre à sa demande de soutien lancée lors d'une réunion vendredi.

«Je leur ai dit que c'était le moment de la vérité», a-t-il déclaré à la presse.

La Lettonie, qui affichait l'expansion la plus vigoureuse (12,2%) de toute l'Union européenne en 2006, a vu son Produit intérieur brut (PIB) chuter brutalement de 10,5% au quatrième trimestre de 2008.

Riga s'est vue obligé de demander une aide de 7,5 milliards d'euros au Fonds monétaire international et à d'autres créanciers en décembre après que le gouvernement eut nationalisé la deuxième banque du pays, Parex.

M. Godmanis, dont le cabinet est chargé d'expédier les affaires courantes, a prévenu vendredi qu'il ne pouvait désormais signer aucun document international, alors qu'une mission du FMI était sur place pour discuter avec les autorités lettones.

«C'est un énorme problème et les partis qui ont décidé de se retirer doivent y réfléchir», a-t-il déclaré.

Ivars Godmanis, en poste depuis décembre 2007, est un vétéran de la politique en Lettonie, où il avait dirigé le premier gouvernement après le retour de ce pays balte à l'indépendance en 1991.

Il a survécu en février à trois motions de censure au Parlement mais il s'est de nouveau retrouvé sous pression après les déclarations du président Zatlers qui a dit avoir «perdu la confiance» en lui.

Des banques telles que les établissements scandinaves SEB et Swedbank prévoient pour la Lettonie une baisse du produit intérieur brut (PIB) en 2009 allant de 7 à 10% et la banque centrale n'est pas en désaccord avec ces chiffres. Une chute de 15% de l'activité est même possible, selon l'économiste en chef de SEB, Andris Vilks.

Les premiers effets de la crise se sont fait sentir à Riga sous la forme de manifestations violentes dans la capitale lettone le mois dernier. Quelque 10.000 manifestants ont envahi les rues dans un contexte d'accusations de corruption et de népotisme au sein du gouvernement d'Ivars Godmanis et de coupes budgétaires destinées à lutter contre la crise.

Après les manifestations de janvier, le président Zatlers avait déjà brandi la menace d'élections anticipés avant le 31 mars, alors que les analystes prévoient de nouvelles violences en réaction aux projets de réductions d'effectifs dans le secteur public, de nouvelles coupes budgétaires et de hausses des impôts.

Signe de l'instabilité politique de la Lettonie, ancienne république soviétique de 2,3 millions d'habitants devenue membre de l'UE en 2004: le cabinet de centre-droit de M. Godmanis est le 14e exécutif depuis l'indépendance lettone.